lundi 28 avril 2014

Introduction










La répartition spatiale de la couverture végétale naturelle est la résultante des potentialités et des contraintes géographiques et écologiques qui conditionnent le processus de production végétale, elle est aussi le reflet des contraintes humaines qui entraînent la dégradation des ressources naturelles. En effet la forêt n’est pas universelle, il y a des limites thermiques et pluviométriques au-delà desquelles toute végétation ligneuse ne peut se développer spontanément.

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Les végétaux terrestres sont éliminés par le déficit hydrique dû à une insuffisance pluviométrique sévère qui caractérise les milieux très arides et désertiques, et ils sont arrêtés par les températures trop basses suivant un gradient thermique causé par un faible ensoleillement sur les hautes latitudes, et par la détente adiabatique de l’air quand on s’élève en altitude sur les hautes chaînes de montagnes.

Mais les fortes températures ne sont défavorables à la végétation, que si elles sont accompagnées de déficience pluviométrique. La combinaison entre une forte pluviosité et des températures élevées, crée des conditions les plus favorables à l’épanouissement des écosystèmes les plus riches et les plus complexes qui soient. C’est le cas des forêts intertropicales qui se trouvent à cheval sur l’équateur en Amérique du sud, en Afrique et en Asie.

En Afrique, quand on s’éloigne au nord de ces forêts tropicales, la pluviosité diminue et les savanes s’implantent et deviennent de plus en plus claires au fur et à mesure que l’on s’approche du Sahara, jusqu’à disparaître pour céder la place aux formations steppiques puis au Sahara, le plus grand désert du monde.

La région écologique méditerranéenne est soumise au climat du même nom qui se caractérise par la saison sèche de l’été alternant avec une saison froide pluvieuse. Les quatre saisons sont individualisées. Le Maroc, au sein de cet ensemble tient une place remarquable. En raison de sa position géographique et de l’extrême diversité de ses reliefs, il regroupe à l’intérieur de son territoire toute la gamme des climats méditerranéens, allant du saharien à celui de haute montagne avec tous les intermédiaires. Aussi sa végétation est-elle la plus représentative de tout le bassin méditerranéen.

Par ailleurs, pour des raisons historiques, la flore marocaine est aussi composée d’un pourcentage élevé d’espèces et variétés endémiques, c’est à dire qu’on ne trouve nulle part ailleurs, comme l’arganier, le cyprès de l’atlas, le sapin et le pin noir du Maroc, ainsi que plusieurs espèces sous-ligneuses et herbacées.





Dans ce monde floral marocain, il existe aussi des espèces qui s’apparentent à la végétation d’autres régions florales : hollarctique(septentrionale) et tropicales. En effet le sapin, le pin noir, l’If et le bouleau que l’on trouve dans le Rif s’apparentent aux essences des pays à climat tempéré, l’arganier et les acacias sahariens présentent par contre un cachet nettement tropical.

C’est dire combien est importante cette biodiversité qui caractérise la couverture végétale marocaine, puisqu’elle renferme un matériel génétique inestimable qu’il est impératif de sauvegarder pour les générations à venir, et puisqu’elle comporte des biotopes indispensables à la survie de nombreuses espèces animales sauvages sédentaires et migratrices qui contribuent, elles aussi, à maintenir l’équilibre des écosystèmes forestiers, et en conséquence, à maintenir l’harmonie des grands équilibres naturels.

Les facteurs climatiques et écologiques déterminent la répartition spatiale des massifs forestiers, mais il n’en demeure pas moins que l’action perturbatrice de l’homme est la cause première du recul du manteau végétal dans bien des régions à travers la surface du globe.

La région méditerranéenne qui est le berceau de plusieurs civilisations qui se sont succédées depuis des millénaires, est la plus affectée par la déforestation en raison d’une exploitation abusive des forêts pour subvenir aux besoins inhérents à l’expansion des cités et aux augmentations des populations. Le Maroc n’a pas échappé non  plus à ce phénomène et a vu s’éclaircir son manteau forestier qui reculait depuis des siècles devant l’action combinée entre le feu, la hache, et la dent du bétail
       
En effet, les écosystèmes forestiers se sont formés à des époques lointaines dans le passé géologique, alors que les conditions climatiques leurs étaient idéales, ils ont pu se pérenniser grâce à leurs structures, à leur architecture forestière qui leur permet d’avoir un microclimat stable en dépit des variations climatiques des périodes glaciaires et xérothermiques survenues au cours de l’ère quaternaire.
       




Mais l’action perturbatrice de l’homme est venue rompre la stabilité des équilibres naturels, de sorte que seules les forêts cantonnées dans les zones correspondant aux niveaux des précipitations favorables, ont pu se maintenir dans un état quasi naturel. Grâce à sa proximité de l’océan Atlantique et à ses chaînes de montagnes, le Maroc conserve quand même des massifs forestiers en bon état comparé à plusieurs pays des rives sud et orientale de la Méditerranée, et des essences très diverses peuplent ses forêts : des résineux comme le cèdre, les pins, les genévriers, le thuya, le sapin    etc., et des feuillus comme les chênes de toute sorte, l’arganier, les peupliers, le noyer, l’oléastre, le caroubier, ainsi que de nombreuses essences secondaires qui couvrent des surfaces importantes.
       
Actuellement un autre facteur défavorable semble se dessiner à l’horizon, il s’agit des perturbations climatiques dues à l’effet de serre provoqué par l’augmentation du taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère en raison des émissions dans l’air des déchets de combustion des hydrocarbures. Le climat a tendance à devenir instable, il présente une sorte d’arythmie, et il semblerait qu’on devrait s’attendre à une succession, de manière aléatoire, d’années sèches et d’années pluvieuses. Cette perspective n’est certainement pas favorable à la régénération naturelle des forêts, et donc menace leur pérennité.
       
Ceci nous oblige à redoubler d’effort dans le domaine de la conservation et de développement de nos ressources forestières qui sont un élément essentiel de régulation du climat, et des puits qui emmagasinent du gaz carbonique, la première molécule à effet de serre.
       
La forêt n’est pas uniquement un réservoir de gaz carbonique, mais aussi une importante source d’oxygène, un régulateur du débit du système hydrographique et un important stock d’énergie solaire.

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Les étages de végétations au Maroc












« Réunissant sur son territoire toutes les formes du climat méditerranéen, le Maroc peut être considéré comme le type phytogéographique méditerranéen au sens systématique du mot. La végétation des autres pays groupés autour de la Méditerranée pourra être examinée et appréciée en fonction de celle de l’Empire Chérifien, ………….le Maroc, est, à lui seul, une synthèse méditerranéenne »
Louis Emberger (1934)









Remarquable est en effet la géographie du Maroc. Avec ses deux façades maritimes, ses puissantes chaînes de montagnes culminant à plus de 4000 mètres d’altitudes, son Sahara allant jusqu’à sa frontière avec la Mauritanie et sa situation au sud des ondulations du front météorologique polaire et à l’est des oscillations de la cellule subtropicale de haute pression ou Anticyclone des Açores, le Maroc regroupe dans son territoire toutes les variantes du climat méditerranéen, allant du saharien à celui de hautes montagnes.







En effet, de la position du centre de cet Anticyclone dépend la situation météorologique au Maroc : sa montée vers le nord dévie les perturbations atmosphériques vers le nord et laisse le pays sous un climat ensoleillé et sec, sa descente vers le sud permet à ces perturbations d’atteindre le pays qui reçoit des averses plus ou moins importantes. Par ailleurs, les chaînes atlasiques permettent la régénération des systèmes nuageux et la formation d’étages climatiques plus humides en raison des précipitations élevées ainsi générées, alors que le Rif et le Moyen Atlas Oriental sont la cause de l’aridisation du versant méditerranéen et de la basse vallée de la Moulouya à cause de l’effet de Faehln.

À chacune de ces variantes climatiques correspond un type de végétation caractéristique qui reflète les potentialités et les contraintes écologiques et géographiques du milieu, car la végétation est la réplique du climat, elle est sa meilleure indicatrice. À chaque étage climatique correspond donc un étage de végétation comportant des formations végétales homologues quant à leurs exigences et capacités écologiques, on parle alors d’étages bioclimatiques.



Suivant la classification synthétique d’Emberger, on distingue six étages bioclimatiques méditerranéens :

l’étage saharien                     (moins de 100mm/an)
l’étage aride                          (moins de 300mm/an)
l’étage semi-aride                  (de 300 à 600mm/an)
l’étage subhumide                  (de 600 à 900mm/an)
l’étage humide                      (de 900 à 1200mm/an)
L’étage de haute montagne              (froid et sec)


De prime abord, ces étages bioclimatiques semblent très différents les uns des autres, néanmoins ils sont tous méditerranéens, leur dénominateur commun se résume ainsi : Les pluies tombent en hiver alors que l’été est sec. C’est le caractère essentiel du climat méditerranéen, car c’est le seul climat au  monde qui présente cette particularité. Mais ce climat n’est pas strictement propre à la région méditerranéenne, il existe aussi dans d’autres parties du globe, en Afrique du sud, en Australie, en Californie et au Chili.


  
Les étages de végétation sont donc très diversifiés et comportent une végétation adaptée à la sécheresse estivale. Mais les conditions sont plus douces comparées à celles qui prévalent dans d’autres pays circum-méditerranéens d’Afrique du Nord et de l’Asie occidentale grâce à l’action régulatrice et adoucissante de l’océan Atlantique.

On constate une décroissance de l’humidité du nord au sud et de l’ouest vers l’est, en raison du front météorologique polaire qui atteint rarement le sud et de la continentalité qui s’accentue au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers l’Oriental. C’est la raison pour laquelle les étages humide et subhumide occupent de faibles surfaces par rapport aux étages arides et semi-arides. En fait c’est la présence des montagnes qui a favorisé l’installation des étages les plus arrosés puisque l’altitude compense la latitude comme on a évoqué précédemment.

Chacun de ces étages peut être subdivisé en plusieurs variantes dont le caractère différentiel est m, la moyenne des minima du mois le plus froid. Mais pour ne citer que les sous-étages les plus évidents, deux formes s’imposent, l’une appelée chaude ou océanique, l’autre froide ou continentale.

Chaque étage comporte des groupements végétaux ayant les mêmes exigences écologiques. Mais certaines essences sont très plastiques comme le chêne vert qui s’accommode des climats méditerranéens semi-arides, subhumide et humide ; alors que d’autres sont cantonnées strictement dans un étage donné comme le thuya qui est exclusivement lié à la variante douce de l’étage semi-aride.

L’étage de végétation méditerranéen saharien.



L’étage méditerranéen saharien s’étend d’une ligne reliant approximativement la vallée de l’Oued Draâ, jusqu'à la frontière du Maroc avec la Mauritanie. Le caractère méditerranéen de cet étage réside dans la périodicité annuelle des pluies qui tombent pendant la saison d’hivers, alors que l’été est sec bien qu’à sont extrême sud les pluies aient tendance à tomber en été. La proximité de la côte atlantique atténue la sévérité des conditions écologiques en raison de l’action thermostatique de l’océan et des précipitations occultes nocturnes.

La pluviosité si insuffisante soit-elle, combinée à des températures très douces des hivers, et à une faible amplitude thermique annuelle, confèrent à la végétation des caractères spéciaux, différents de ceux qui prévalent dans les étages méditerranéens à hivers froids, et différents de ceux des plantes des déserts vrais, adaptées à des périodes de sécheresse absolue durant  plusieurs années. En effet, même en dehors des lits d’Oueds, une végétation permanente existe mais très clairsemée, elle ne manque pas au fond des vallées et dans les ravins à fortiori. Les acacias qui forment l’élément arboré sont de faible densité et marquent un repos végétatif en été, rappelant ainsi les savanes tropicales.

La nature physico-chimique du substratum édaphique commande la répartition de la végétation. Les acacias Raddiana, Seyal et gummifera s’installent là où le sol est sablonneux et profond. Sur les sols argileux et caillouteux du Reg dur, pousse une végétation éparse de Nanophanérophytes dont la plus remarquable est l’espèce endémique Anabasis aretioides. Dans les Hamadas rocheuses, croissent Capparis spinosa, Rhus oxyacanta entre autres. Sur les petites dunes de sable sur horizon argileux poussent Retama raetam et Aristida pungens.

Dans les Oueds où l’eau est permanente, croissent des Tamarix, ‘(T.articulata) des lauriers roses(Nerium oleander), des Vitex. Le Jujubier devient ici ripicole et pousse dans les dépressions temporairement humides.




 L’étage de végétation méditerranéen aride.




Cet étage occupe d’énormes surfaces au Maroc. Au nord de l’étage saharien, il envahit tout l’Anti Atlas et le Sagho en respectant leurs sommets, le Sous est entièrement dans son domaine qui se prolonge profondément dans les vallées du Haut Atlas. Tout le versant sud de cette chaîne lui appartient, il contourne le Grand Atlas Oriental et s’étend sur tout le Maroc oriental en entourant les crêtes des reliefs, et occupe toute la vallée de l’Oued Moulouya à cause de l’écran que forme le Moyen Atlas.

Au nord du Haut Atlas l’étage bioclimatique aride forme une grande enclave dans le Haouz-Tadla qui va jusqu’au pied de la montagne. Ce qui montre l’importance et le rôle de l‘Atlas qui, sans lui, l’étage aride se prolongerait jusqu’à l’Oriental.

Dans les pays circum-méditerranéens, on ne trouve cet étage qu’en Asie Occidentale et en Afrique du Nord, les pays de la rive nord de cette mer ne sont pas aussi secs. En dehors de la Région méditerranéenne, cet étage est représenté en Afrique du Sud, au sud de la Californie, au centre du Chili et en Australie.


L’étage de végétation aride est caractérisé par une faible pluviosité aggravée par des températures élevées qui accentuent la sécheresse par une forte évapotranspiration. Deux variantes se différencient nettement dans cet étage, l’une à hivers chauds qui permet le développement d’une végétation forestière et qu’on pourrait appeler étage aride arboré, l’autre à hivers très froids et à étés très chauds et venteux.

En raison de l’éloignement de l’océan, l’amplitude thermique augmente, le gel des hivers engourdit les plantes et le printemps est trop bref pour permettre une longue période de végétation. Aussi les arbres sont-ils absents dans le paysage botanique de ce sous étage qu’on pourrait appeler étage aride asylvatique. Seules les berges des cours d’eau et les ravins bénéficiant de bonnes conditions hydrologiques, peuvent abriter des formations ligneuses.


L’étage de végétation aride arboré, chaud ou océanique, est caractérisé au Maroc par la forêt d’arganier qui est localisée essentiellement dans le Sous et sur les versants atlasiques avoisinant. L’arganier déborde vers le nord en se mélangeant avec le thuya, et vers le sud en montant à l’assaut des pentes de l’Anti Atlas.


L’aire naturelle de l’Arganier était probablement beaucoup plus vaste à un certain moment de son histoire car plusieurs stations isolées ont été signalées en dehors de son aire actuelle, aux environs d’Amizmiz et de Chichaoua. Les stations les plus éloignées ont été signalées aux environs de Berkane dans la basse vallée de la Moulouya, et dans la vallée moyenne de l’Oued Grou aux environs de Rommani. Cette dernière station existe toujours, elle a été redécouverte récemment par les agents du service forestier local.





Par ailleurs l’enclave du Haouz-Tadla, qui fait partie de ce sous étage, était jadis recouverte d’une savane d’Acacia gummifera accompagné de jujubier(Zizyphus Lotus), il en est de même pour le bassin de la Moulouya inférieure où l’Acacia est remplacé par le Pistachier de l’Atlas. Cette végétation a disparu sous la pression anthropique, seule l’Arganeraie subsiste encore en raison des différents services qu’elle rend dont l’évidence a poussé les populations usufruitières à mieux la respecter.

La végétation des bords des Oueds est essentiellement composée de Tamarix, de peuplier blanc(Populus alba), de laurier rose(Nerium Oleander) et de Vitex Agnus castus.

La forêt d’Argania spinosa, qui est une espèce endémique, est très claire en raison de l’exploitation agroforestière spéciale dont elle fait l’objet. L’Arganeraie primitive était plus dense avec un sous-bois abondant de Zizyphus et de Cytise. Sur les parties très douces du littoral, qui relèvent de l’étage semi-aride, des espèces succulentes accompagnent l’Arganier : les Euphorbes cactiformes, Kleinia, Senecio, l’Oléastre, le Lentisque, le Tizra, Acacia gummifera et des lianes. Dans le pays nettement aride, on trouve le Jujubier, le Pistachier de l’Atlas, Euphorbia Echinus etc.


L’étage méditerranéen aride asylvatique, est caractérisé sur les hauts plateaux de l’Oriental et dans la haute vallée de la Moulouya, par la steppe d’Alfa(Stipa tenacissima) et d’Armoise ou Chih(Artemisia Herba alba), qui se partagent le terrain en fonction de la nature du sol. L’Alfa préfère les sols sableux et rocheux bien drainés, alors que le Chih affectionne les sols argileux. Le long des cours d’eau, poussent Populus alba et Populus euphratica ainsi que le Saule (Salix purpurea). Zizyphus Lotus et Retama ne sont pas rares dans les Oueds temporaires.

Dans cette steppe d’Alfa alternant à perte de vue avec l’Artemisiaie de Chih, seules les espèces hallophiles comme les Atriplex et Salsola vermiculata, viennent rompre la monotonie du paysage botanique de ces immenses solitudes de l’Oriental où la rigueur de l’hiver et le soleil de plomb de l’été, interdisent aux arbres de se développer.




 L’étage de végétation méditerranéen semi-aride.




Cet étage occupe une grande place en Afrique du Nord, en Asie Mineure et en Espagne. Il est peu différencié dans la rive nord de la Méditerranée où, en France, en Italie et en Grèce, il ne baigne que de faibles étendues. Ailleurs, on le trouve en Californie, en Afrique du Sud, en Australie et au Chili.

Au Maroc, cet étage s’étend, au nord de l’étage aride arboré et à l’ouest de l’étage aride asylvatique de l’Oriental, sur toutes les plaines et les altitudes moyennes. Il respecte et entoure les altitudes plus élevées où se sont individualiser des îlots plus humides se rattachant aux étages bioclimatiques subhumide, humide et de haute montagne. Néanmoins, sa variante froide succède aux étages précités dans les montagnes élevées et continentales. Quelques îlots de moindre importance émergent sur les crêtes des chaînes de montagnes baignant dans l’étage aride.

Comparé à l’étage aride, cet étage est soit plus humide soit moins torride, la diminution des maxima thermiques entraîne une diminution de l’évapotranspiration. La Pluviosité compense les hautes températures et inversement, les basses températures atténuent les effets de l’aridité.

Trois variantes sont nettement distinguées à l’intérieur de cet étage : la variante douce ou océanique où les hivers sont doux(la moyenne des minima du mois le plus froid m est nettement au-dessus de zéro), la variante moyenne où m est voisine de zéro, et la variante froide où m est nettement au-dessous de zéro. Cette différentiation est due à la continentalité et à l’élévation en altitude ainsi qu’aux conditions orographiques particulières.

Les groupements végétaux qui se développent dans cet étage sont en conséquence très diversifiés, mais chacune des trois variantes porte un type de végétation qui lui est propre. La variante douce est caractérisée par la forêt de thuya(Tetraclinis articulata), qui est strictement cantonnée dans ce sous-étage, la forêt de Pin d’Alep et celle du Cyprès de l’Atlas. L’Arganier est ici à la limite de son aire naturelle, alors que le Chêne-vert fait son apparition. La Suberaie semi-aride se localise dans la région de Rabat Dans les sols argileux, cette variante est caractérisée par l’Oléo-Lenticetum.


Le sous étage moyen est caractérisé par la le Genévrier rouge(Juniperus phoenicea), alors que la variante froide est le règne du Genévrier thurifère(Juniperus thurifera) qui ne sort pas de son sous-étage et qui est l’arbre qui monte le plus haut dans nos chaînes atlasiques.

Le thuya et le thurifère sont les seuls à se cantonner dans leurs sous-étage respectifs, les autres espèces sont plus plastiques et peuvent croître dans d’autres étages comme le chêne-liège qui est ici à sa limite inférieure et l’Arganier qui est à sa limite supérieure.

Le thuya est presque un arbre endémique du Maghreb car il n’occupe que de faibles surfaces au sud de l’Espagne et à l’île Malte. Au Maroc, il tient une grande place. On le trouve dans le Rif sur les versants méditerranéen et oriental, dans le bassin de la basse Moulouya, dans le Moyen Atlas oriental et occidental, dans le Plateau Central, sur le versant nord de l’Anti-Atlas, dans le Haut Atlas et dans la région d’Essaouira où il atteint le littoral. Cette Callitriaie d’Essaouira est remarquable par la présence de plusieurs espèces qu’on retrouve dans la Suberaie de Mamora.

Le Genévrier rouge remplace le thuya dans les stations où les températures hivernales sont basses en raison de l’augmentation de la continentalité ou de l’altitude. Mais on trouve ce Genévrier sur le littoral dans quelques stations sur les dunes maritimes, là où le substrat sablonneux empêche d’autres essences de le concurrencer.

La forêt de Genévrier rouge est très dégradée, elle a reculé sur d’énormes surfaces, sa dégradation est plus profonde que celle de la Callitriaie. Cette essence résiste peu au feu et rejette moins bien de souche que le thuya, qualité si rare chez les résineux. Les dunes d’Essaouira étaient jadis occupées par le Genévrier rouge, sa destruction avait causé la mobilisation de ces dunes qui ont fait l’objet d’un programme de fixation réalisé par le service forestier.

Quant au Genévrier thurifère, il est l’arbre de la variante froide de l’étage semi-aride qui fait la transition, en montagnes continentales, entre les étages humide et subhumide et celui de hautes montagnes. Il est absent dans le Rif, assez répandu sur le versant sud du Moyen Atlas et occupe une place importante dans le Haut Atlas.
   
La forêt de chêne-liège semi-aride classique est celle de la Mamora, quelques peuplements de moindre importance existent au sud de Rabat. Les suberaies qui existent au nord du Gharb baignent dans le subhumide. Ces deux blocs formaient probablement dans un passé lointain, une gigantesque forêt allant de la région de Rabat à celle de Larache que les crues du Sebou auraient séparée, l’action de l’homme avait par la suite accentuer leur recul.


Le cortège floristique du Chêne-liège dans cet étage est composé sur sol sablonneux du poirier sauvage(Pirus mamorensis), de Passerine(Thymelaea lytroidees) de Cytise(Cytisus linifolius), de Cistes, de Lavandes de Ferula communis, Solanum sodomeum et de Doum(Chamaerops humilis) dans les sols riches en argile etc. Sur sols durs on voit apparaître Zizyphus Lotus, le Tizra(Rhus pentaphylla), Cistus monspeliensis, le Myrte(Myrtus communis)

Le pin d’Alep est un arbre typique du climat méditerranéen semi-aride il occupe un niveau écologique intermédiaire entre le thuya, qui est plus xérophile, et le Genévrier rouge qui résiste plus au froid. Les peuplements de ce pin sont un peu dispersés dans le Rif, le Moyen et le Haut Atlas. C’est sur le versant méditerranéen du pays, qu’ils sont les plus importants, sur le versant atlantique on les trouve dans les vallées de la Téçaout, de l’Oued Ahansal et du Sous supérieur

Enfin, le Cyprès de l’Atlas(Cupressus atlantica) qui est la variété marocaine de C.sempervirens que Gaussen avait relevé au rang d’espèce, est endémique du Maroc. On ne le trouve qu’en Haut Atlas dans la moitié supérieure de l’Oued Nfis en mélange avec le Genévrier rouge dans la vallée de l’Aghbar.



 L’étage de végétation méditerranéen subhumide.



Le climat de cet étage est le climat méditerranéen classique de la rive nord de la Méditerranée, il est celui du Midi de la France, de l’Italie centrale, de la Grèce…. On le trouve également au Cap, en Grèce, en Australie, en Californie et au Chili.

Au Maroc, cet étage occupe généralement les montagnes moyennes et ne descend dans la plaine que sur la côte atlantique au nord de Rabat où la pluviosité élevée et les précipitations occultes(rosée nocturnes) permettent l’installation de cet étage. Il occupe moins d’espace que les étages précédents, on le trouve dans le Rif, la plus grande partie du Moyen Atlas lui appartient ainsi que les altitudes moyennes du versant nord du Haut Atlas. Mais sur les versants saharien et méditerranéen de cette chaîne, le subhumide est peu différencié en raison de leur déficit pluviométrique. Dans l’Anti Atlas occidental, sur le massif du Kest, l’altitude, la pluviosité et la proximité de l’océan ont permis la différentiation d’un îlot subhumide intéressant.

L’étage de végétation méditerranéen subhumide est dominé par le Chêne-vert(Quercus Ilex) qui tient sa première place dans cet étage, et qui couvre les basses altitudes du Rif et les versants du Moyen Atlas et du Haut Atlas exposés à l’haleine de l’Océan Atlantique. On le rencontre aussi dans la région d’Oulmès et dans l’Anti Atlas occidental. Les Chênaies de Chêne-vert forment, dans cet étage, le ciment dans lequel se détachent des îlots de Chêne-liège, de Pin maritime, de Chêne-Zeen et de Cèdre de l’Atlas. Les deux dernières essences sont à la limite inférieure de leur aire naturelle(l’étage humide).

Les suberaies subhumides existent dans le Rif occidental, dans le nord-ouest du Gharb, sur le Plateau Central et au nord de Taza. Dans le Rif, le Chêne-liège apparaît dans la brousse à Olea-Pistacia dès que le terrain devient moins argileux, il est accompagné de bruyère(Erica arborea), d’Arbousier(Arbutus Unedo) et Halimium halimifolium.

Les forêts de Chêne-liège subhumides les plus importantes sont celle de la région d’Oulmès. elles sont riches en sous-bois qui se compose de Quercus Ilex, Olea europea, Arbutus Unedo, Pistacia Lentiscus, Genista quadriflora, des Cytises, des Cistaies et des Lavandes. Dans les forêts de Timeksaouine et de Tiliouine, il existe une remarquable répartition des versants entre le Chêne-liège, qui occupe les expositions nord, et le thuya qui s’accommode des expositions sud moins humides et plus douces en hiver.



Celles de Taza ont en plus Erica arborea, Juniperus Oxycedrus et l Aubépine(Crataegus monogyna). Celles du nord-ouest du Gharb sont caractérisées par la fougère aigle(Pteris aquilina), Myrtus communis, Pirus mamorensis, Ormenis mixta.

Les peuplements de Pin maritime(Pinus pinaster variété mogrebiana) de l’étage subhumide sont dispersés dans le Rif occidental, dans le Moyen Atlas oriental et celui de la région d’Ifrane. Ils sont rares dans le Haut Atlas. Le Pin maritime croît généralement en mélange avec le Chêne-vert, le Genévrier Oxycèdre et quelquefois avec le Pin d’Alep dans les stations les plus sèches. On le rencontre entre 1000 et 1900 mètres d’altitude dans le Rif, et entre 1500 et 2200 mètres dans le Moyen et le Grand Atlas.

Il est à signaler que le Chêne Kermès(Quercus Coccifera) qui est très rare au Maroc n’existe que sur le versant méditerranéen de la chaîne rifaine et au sud de Taza. Il se présente généralement sous sa forme arbustive.









 L’étage de végétation méditerranéen humide.


Le climat méditerranéen humide est le moins sec de tous les climats méditerranéens, l’étage de végétation qui en est la réplique est le nec plus ultra de nos milieux forestiers. La pluviosité n’est nulle part au Maroc plus élevée. Bien que les étés soient toujours secs comme c’est le cas pour tout climat méditerranéen, il n’en demeure pas moins que les orages sont assez fréquents surtout en montagne et sont favorables à la régénération naturelle des forêts puisqu’ils permettent aux semis de bénéficier d’une escale technique pour dépasser le cap stressant de la saison sèche.

Cet étage est localisé au Maroc entre l’étage de végétation subhumide à qui il succède en altitude, et l’étage semi-aride froid qui le domine aux sommets des hautes montagnes. Il existe aussi en Algérie et en Tunisie dans les zones les plus arrosées, ainsi qu’en Asie Mineur. En Europe occidentale, on le trouve en France, Italie, Balkans et péninsule Ibérique, faisant la transition entre le climat méditerranéen et le climat de l’Europe tempérée. En dehors de la Méditerranée, il n’existe qu’en Californie.

Au Maroc il existe sous forme de lambeaux dispersés sur le Rif, le Moyen Atlas et le Grand Atlas. Dans le Rif, on le trouve dans le Tangérois et les sommets de la chaîne. Dans le Moyen Atlas, il existe au sud de Taza, dans la région d’Ifrane-Azrou, et sur les sommets de la partie occidentale de cette chaîne. Dans le Haut Atlas, il ne se développe que sur le versant nord et existe sous forme d’îlots disséminés entre les Seksaoua et les montagnes du Masker et d’El Ayachi.

Dans les forêts les moins dégradées par l’homme, la richesse de l’étage humide en espèces arborescentes et arbustives(Phanérophytes), la densité et l’aspect des peuplements, rappellent les forêts ombrophiles intertropicales, toutes proportions étant évidemment gardées. L’étage méditerranéen humide est le milieu du Cèdre de l’Atlas, du Sapin du Maroc, du Pin maritime, des Chênes à feuilles caduques : le Chêne Zeen(Quercus faginea) et le Chêne Tauzin(Quercus Toza), ainsi que des Chênes à feuilles persistantes : Quercus Ilex et Quercus Suber.

Parmi les espèces Phanérophytes accompagnatrices les plus importantes, on peut citer :

Le Genévrier Oxycèdre(Juniperus Oxycedrus) qui occupe une grande place, l’Erable de Montpellier(Acer monspessulanum), l’If(Taxus baccata), le Houx(Ilex aquifolium), le Rosier(Rosa canina), le Bouleau(Betula alba), les Aubépines(Crataegus monogyna, C.Lacineata), les Alisiers(Sorbus torminalis et S. aria), les Ronces(Rubus ulmifolius), les lianes qui grimpent sur les arbres(Smilax aspera, Hedera helix, Clematis cirrosa)….etc.…

 Les forêts de conifères.


Le cèdre de l’Atlas est une espèce endémique du Maroc et de l’Algérie. Au Maroc, il trouve son optimum écologique dans l’étage humide froid. Il existe dans le Rif, le Moyen Atlas et le Haut Atlas oriental, où il occupe les versants exposés à l’action bienfaitrice des vents d’ouest chargés d’humidité. Il fait son apparition à une altitude inférieure qui varie entre 1350 et 2000 mètres en fonction des conditions stationnelles. Plus les conditions sont favorables, plus le cèdre descend dans les ravins à sa limite inférieure. Sa limite supérieure oscille entre 2700 et 2800 mètres, elle est donc presque constante comparée à son altitude minimale. Au-dessus du cèdre, seul le Genévrier thurifère peut pousser dans cet étage semi-aride froid des hautes altitudes marocaines, accompagné des xérophytes épineux.


Mais le thurifère peut être un des éléments des cédraies très continentales qui sont moins humides et qu’on trouve dans le Haut Atlas oriental et sur le versant sud du Moyen Atlas. Il est généralement très rare dans les cédraies d’Azrou et d’Ifrane où la pluviosité est élevée. Les cédraies avec thurifère sont peu denses et dépourvues d’espèces fidèles au cèdre telles : l’If, le Houx, l’Erable, Sorbus. Le Chêne vert y est rare.

Le cèdre de l’Atlas est une espèce à tempérament continental, et c’est probablement la raison pour laquelle il est absent dans le Grand Atlas occidental qui est suffisamment humide mais trop océanique pour convenir à cet arbre remarquable.

Quant au Sapin du Maroc (Abies pinsapo ssp. Maroccana), il n’existe que dans le Rif, sur les montagnes calcaires à l’est de la ville de Chefchaouène, à des altitudes variant entre 1300 et 2100 mètres. Il est accompagné du cèdre qui le domine sur les crêtes, de Pin maritime, de pin noir, de Chêne vert, de Chêne Zeen, de Genévrier Oxycèdre, d’If(Taxus baccata), d’Aubépines. etc.


Le Pin maritime du Maroc(Pinus pinaster ssp. Hamiltonii. Var. moghrebiana et var. iberica) de l’étage méditerranéen humide existe dans le Rif et le Moyen Atlas. Dans le Rif il se mélange avec le cèdre, le Sapin, le Chêne-liège ou le Chêne vert selon la nature du substratum.




Le Chêne-liège qui est calcifuge domine sur sols siliceux. Dans le Moyen Atlas, les pinèdes sont plus importantes et forment de belles futaies peu mélangées avec le cèdre, l’Oxycèdre et le Chêne vert. Il est à noter que la race marocaine croît parfaitement sur sols calcaires, ce qui n’est pas le cas pour le pin maritime des Landes(P pinaster ssp. atlantica) qui est nettement calcifuge.


Par ailleurs, il existe dans le Rif quelques peuplements de Pin noir du Maroc(Pinus nigra ssp moghrebiana), qui est une remarquable relique floristique.



 les forêts de feuillus.


Quatre espèces de Chêne forment des forêts dans l’étage bioclimatique humide : le Chêne vert(Quercus Ilex), le Chêne-liège(Quercus Suber), le Chêne Zeen(Quercus faginea) et le Chêne Tauzin(Quercus Toza). Seules les deux dernières espèces sont à feuilles caduques.

Le Chêne vert se comporte fièrement dans cet étage où il forme de belles futaies surtout dans le Moyen Atlas. Les Chênaies de Quercus Ilex de la forêt d’Azrou et celles du massif de Tazekka sont très démonstratives à cet égard. On en trouve aussi dans le Rif, dans les ravins humides de la région d’Oulmès et ceux du Haut Atlas où elles ne peuvent se différencier que sur de petites surfaces. Ces Forêts prennent pied sur des terrains à sols profonds. Elles sont riches en humus, en Mousses et en Lichens. Leur cortège floristique comporte : Juniperus Oxycedrus, Acer monspessulanum, Taxus baccata, Sorbus torminalis, Ilex aquifolium, Rosa sp., Rubus ulmifolius, Ruscus aculeatus, Crataegus monogyna et des lianes qui grimpent sur arbres comme Smilax aspera, Hedera helix, Clematis sp.. Les Cistes se rencontrent dans les clairières(Cistus laurifolius et Cistus salviifolius.).


Le Chêne-liège existe aussi dans l’étage méditerranéen humide, mais l’excès d’humidité et de froid l’élimine au bénéfice du Chêne Zeen et du Chêne vert qui est l’espèce la plus plastique de nos essences forestières.




C’est ainsi que, dans cet étage, le Chêne-liège n’existe que dans le Rif occidental et central, et dans le massif du Tazzeka au sud-ouest de la ville de Taza. Son cortège floristique se compose de Erica arborea, de Cytisus triflorus, la Fougère aigle(Pteris aquilina), de Cistes.etc. Dans le Rif les autres Chênes se mélangent à lui, les Cistaies sont un élément permanent du paysage floristique de ces milieux.

Le Chêne Zeen et le Chêne Tauzin sont les seuls Chênes à feuilles caduques que nous ayons. Le jaunissement printanier du feuillage de leurs peuplements donne aux paysages un éclat particulier rappelant les forêts décidues des régions à climat tempéré d’Europe.


Le Chêne Zeen existe surtout dans la partie occidentale du Rif, dans le Tangérois, dans le Moyen Atlas et sur le Plateau Central, dans les forêts d’Oulmès, il est une rareté dans le Haut Atlas. Il occupe les stations les plus humides où ni le Chêne-vert, ni le Chêne-liège, ni le Cèdre ne peuvent le concurrencer. Le fait de sa présence sur ces trois chaînes et sa raréfaction en allant du nord vers le sud laisse supposer qu’il fut un temps où un climat plus humide régnait sur le Maroc et où cette essence forestière aurait occupé une aire très étendue.

La forêt de Djaâba qui existe entre El Hajeb et Ifrane, est presque pure, elle a un sous-bois composé d’espèces accompagnant le Chêne-vert et le Cèdre comme Crataegus monogyna, Rubus ulmifolius, Rosa canina. Etc. on y rencontre aussi le Chêne-vert et le Chêne-liège. Cette dernière essence, étant calcifuge, ne se rencontre que sur les coulées basaltiques qui étaient recouvertes d’une Suberaie que le Chêne-Zeen avait complètement envahie.

Quant au Chêne Tauzin, il ne se trouve que dans le Rif où il n’occupe que de faibles surfaces dans la région de Chefchaouène et dans le Tangérois. Dans les stations humides et embrumées, il forme des forêts denses en raison de sa grande capacité de drageonner. Il se mélange aux trois autres Chênes à son horizon inférieur, et au Cèdre à sa limite supérieure. Parmi les espèces accompagnatrices on peut citer ; Crataegus monogyna, Daphne Laureola, D. Gnidium, les Cytises et les Cistes.



 L’étage de végétation méditerranéen de hautes montagnes.


L’étage de végétation méditerranéen de hautes montagnes, succède en altitude à l’étage semi-aride froid. Le climat qui le conditionne est caractérisé par le froid, par une humidité moindre et une grande luminosité. Il existe dans le Haut Atlas, le Siroua et les hauteurs du Moyen Atlas. Le Rif qui culmine vers 2450 m à Tidighine est largement en dessous de l’altitude minimale de différentiation de cet étage qui est de l’ordre de 2800-2900 mètres. En Afrique du Nord, il n’existe qu’au Maroc, ailleurs il existe dans la rive nord méditerranéenne sur les hauts sommets de la péninsule ibérique, d’Italie et de Grèce, et en Asie occidentale.

Cet étage est asylvatique, il commence à la limite supérieure des arbres qui varie entre 2800 m dans le Haut Atlas occidental, et s’élève progressivement en allant vers l’est pour atteindre 3200 m dans le Haut Atlas oriental. Le Chêne-vert est l’arbre qui monte le plus haut dans le Grand Atlas occidental, là où le climat est le plus océanique ; ailleurs, c’est le Genévrier Thurifère qui fait la transition entre la zone forestière et le domaine asylvatique

Dans l’étage méditerranéen de haute montagne lui-même, se différentient deux horizons : l’horizon inférieur, qui est le plus important, et où dominent les Phanérophytes épineux en boules ou xérophytes, et l’horizon supérieur habité exclusivement par une végétation herbacée.

L’horizon à xérophytes épineux en coussinets comprend les espèces suivantes : Alyssum spinosum, Buplerum spinosum, Erinacea Anthyllis, Arenaria pungens ; Cytisus Balansae entre autres. Le genévrier Oxycèdre et son congénère Juniperus communis peuvent pénétrer dans cette zone, mais par pieds isolés.

L’horizon supérieur à plantes herbacées se différentie à partir de 3800-3900 m d’altitude, aussi n’est-il représenté que sur les sommets du Toubkal et du Mgoun. De plus, sa végétation ne forme pas un tapis herbacé continu, elle est disséminée sur les versants de ces hautes cimes.
  
Cet étage est très riche en espèces endémiques(30 %), dans l’horizon culminal, l’endémisme n’est nulle part plus prononcé (85%). Ainsi, aucune flore des autres étages bioclimatiques, n’est aussi purement marocaine que celle de ces hauts sommets en permanence soumis à l’action desséchante des vents

dimanche 27 avril 2014

La composition du Domaine forestier marocain.














Les principales essences forestières qui constituent les divers groupements végétaux au Maroc appartiennent à deux groupes bien distincts : les résineux ou conifères et les feuillus.

Les essences résineuses sont des arbres appartenant à l’embranchement des Gymnospermes et à l’ordre des Conifères. On distingue les conifères à feuilles réduites en aiguilles comme le Cèdre, le Sapin et les Pins ; et celles à feuilles réduites à des écailles comme les Genévriers et le Thuya.

Les essences feuillues appartiennent à l’embranchement des Angiospermes et à l’ordre des dicotylédones, dont les feuilles sont à limbe large et aplati.

 Les essences résineuses.


 Le Cèdre de l’Atlas.

Cedrus atlantica Manetti (1884).

Noms vernaculaires : Arz, Idguil, Idil, Amgûz.


Ce genre ne comprend plus actuellement que quatre espèces :

·    Le Cèdre de l’Himalaya : Cedrus Deodara qui constitue de vastes forêts en Inde et en Afghanistan.
·    Le Cèdre du Liban : Cedrus Libani qui constitue des peuplements au Liban et en Turquie.
·    Le Cèdre de Chypre : Cedrus brevifolia dont les boisements sont très réduits sur l’île de Chypre.
·    Le Cèdre de l’Atlas qui forme de belles forêts au Maroc et en Algérie.


Au Maroc l’aire du Cèdre est répartie sur le Rif, le Moyen Atlas et le Haut Atlas oriental. Dans le Rif cette essence forme de belles futaies dans les secteurs de Targuist et de Kétama. Dans le Moyen Atlas on la trouve dans les montagnes de Taza (Bou Iblane, Tazekka..), et dans la partie centrale de cette chaîne où l’on trouve les plus beaux boisements du Maroc (Ifrane, Azrou, Itzer, Khénifra). Dans le Haut Atlas oriental, des cédraies généralement très âgées se trouvent dans des conditions climatiques difficiles du fait de l’altitude de la continentalité accentuée, et de l’insuffisance pluviométrique (Jbel El Ayachi et le Masker).

Du point de vue écologique, le Cèdre est un montagnard qui trouve son optimum dans le climat méditerranéen humide froid à continentalité un peu accentuée (850 à 1.200 mm). Mais il se trouve aussi dans l’étage subhumide. Son altitude va de 1.350-1.400 m dans le Rif à 2.600-2.800 m dans le Haut Atlas oriental. Il est indifférent à la composition chimique des sols et s’accommode de toutes les formations géologiques.

Son association végétale présente, quand il est sous forme de futaie, deux faciès bien distincts :

·    Un faciès relativement sec que l’on trouve dans les cédraies continentales de hautes altitudes (Haut Atlas oriental). Le cortège floristique se compose du Genévrier Thurifère, le chêne vert, le frêne dimorphe, le Pin d’Alep, L’Aubépine monogyne, l’épine Vinette d’Espagne, le buis des Baléares etc.
·    Un faciès humide avec le Houx, le Chêne vert, les érables, le merisier, l’alisier blanc, l’If, les ronces, la pivoine, le daphné Laureola, le ciste à feuilles de laurier, le cytise de Battandier etc.



C’est un arbre d’une longévité considérable qui peut dépasser le millénaire. Sa régénération naturelle est capricieuse et assez aléatoire et demande la conjonction d’un certain nombre de conditions climatiques et écologiques pour arriver à terme.

Les ennemis du Cèdre sont les incendies, les champignons et les insectes. Les champignons sont surtout le Trametes pini (le Mjéj) et le Polyporus officinalis (le Saboune), qui s’attaquent au bois et en déprécie un nombre considérable de m3. Les attaques des insectes sont essentiellement l’œuvre de Thaumatopaea pityocampa ou chenille processionnaire qui est un phytophage qui cause des dégâts importants.


Le bois de Cèdre est un excellent bois d’œuvre connu et apprécié depuis la plus haute antiquité. Il possède toutes les caractéristiques des résineux d’Europe sauf la résilience (résistance au choc). Le bois à des qualités particulières selon les zones d’origine : ébénisterie, menuiserie et charpente. Il peut donner des poteaux téléphoniques, du bois de mine et des perches. Par contre c’est un bois de feu banal et un médiocre bois de carbonisation. Sa distillation industrielle donne une gamme de produits pharmaceutiques et aromatiques.



Le Sapin du Maroc.


Abies marocana Trabut (1906).

Nom vernaculaire : en rifain : Chohh, Chuhah

Le genre Abies est très répandu dans l’hémisphère nord. Il comprend Abies alba, le Sapin argenté ou Sapin des Vosges qui est l’une des grandes essences forestières d’Europe. Plusieurs autres espèces de ce genre existent  aussi bien en Amérique (Abies grandis : Sapin de Vancouver) qu’en Asie. Le pourtour de la Méditerranée ne manque pas non plus d’espèces de genre Abies qui présentent, de ce fait des caractères de ressemblance :

·    Abies cephalonica en Grèce,
·    Abies nordmanniana en Turquie et en Russie(Caucase),
·    Abies Cilicica (Liban, Syrie),
·    Abies numidica (Algérie),
·    Abies pinsapo en Espagne et
·    Abies marocana au Maroc.


Cette dernière espèce était considérée autrefois comme une sous-espèce d’Abies pinsapo, mais elle s’en est différencié sous l’influence de facteurs géographiques et historiques. L’espèce marocana est endémique du Maroc et ne se trouve que dans le Rif où elle se localise exclusivement dans les montagnes de Chefchaouène et plus précisément à Talassentane.

https://lh6.googleusercontent.com/-wPM1J3zjo0k/U2PEm4AaCVI/AAAAAAAAAFc/01mH-YUjso0/w688-h569-no/4-abies-marocana1-SNOW.gif



Cette essence est nettement calcicole. Les forêts se forment dans l’étage méditerranéen humide entre 1.600 et 2.100 m d’altitude mais elles sont rarement pures. Dans les stations humides, les Chênes Zeen et Tauzin s’y mêlent ; là où le milieu est moins humide, le Pin maritime s’installe souvent. Quant au Cèdre, il se faufile partout et ne peut dominer que sur les sommets, avantagé par la sécheresse relative du climat. Ça et là le Pin noir fait partie du paysage floristique.


Le bois du Sapin du Maroc n’a pas la qualité du bois de Cèdre. Il est lourd et souvent noueux. Il est utilisé pour la menuiserie courante, pour la caisserie et pour la confection des traverses de chemin de fer. Il est attaqué aussi par le champignons Polyporus officinalis (le Saboune).


Les Pins :


Le genre Pinus est représenté au Maroc par trois espèces :

·    Le Pin d’Alep,
·    Le Pin maritime avec deux sous-espèces, moghrebiana qui est endémique du Maroc et iberica qui se trouve surtout en Espagne,
·    Le Pin noir du Maroc.




Le Pin d’Alep.
Pinus halepensis Mill.
Noms vernaculaires : Snober, Tarda.

Le Pin d’Alep est une essence circum-méditerranéenne. Son aire s’étend du bord oriental de la mer noire et des montagnes de la Mésopotamie jusqu’à la péninsule ibérique. On le trouve en Irak, en Syrie, au Liban, en Palestine, en Turquie, en Grèce, en ancienne Yougoslavie, en Italie, en France et en Espagne. Mais il n’existe pas au Portugal.

En Afrique du Nord, le Pin d’Alep est l’essence la plus représentée après le Chêne vert ; il occupe de grandes surfaces en Algérie et en Tunisie, quelques stations en Libye, mais il est présent au Maroc avec une aire très morcelée.

Au Maroc, cette espèce hautement méditerranéenne a une aire réduite et très dispersée en raison de l’influence de l’Océan Atlantique et de l’action destructive de l’Homme. On le rencontre dans le Rif (Nador, Aknoul), au Maroc oriental (Debdou, Taforalt), dans le Moyen Atlas (régions de Taza, d’El Hammam, vallées d’Ahansal et d’Assil Melloul), et dans le Haut Atlas où il se présente sous forme de peuplements dans des stations très éparses (bassin de la Tessaout)


C’est une essence thermophile et xérophile. Son optimum pluviométrique se situe dans la tranche 350-450 mm et végète mal au-dessus de 700-800 mm, m > ou = 0°C et résiste moyennement à la neige. C’est l’essence de l’étage méditerranéen semi-aride continental. On le trouve depuis le littoral jusqu’à 2.000 m, son optimum se situe entre 800 et 1.200 m. Il est par ailleurs, indifférent à la nature chimique des sols et ne craint que l’hydromorphie prolongée et les sols sableux trop filtrants.

L’association végétale du Pin d’Alep est de caractère thermophile et xérophile à sous-bois dense mais peu élevé. Elle comprend le Chêne vert, le Thuya, le Genévrier rouge, le Chêne Kermès, le Romarin, la globulaire, la Bruyère à fleurs multiples, l’Oléastre, le lentisque, le Buis des Baléares, le Frêne dimorphe etc.


Ses ennemis sont aussi les incendies, le Trametes pini (Mjéj) et la chenille de Thaumatopaea pityocampa. Mais les attaques ne causent pas de gros dégâts comme dans la Cédraie. Mais les peuplements artificiels sont plus vulnérables à l’invasion de la chenille processionnaire.

Son bois est de qualité ordinaire, il peut servir comme bois d’œuvre : menuiserie ordinaire, charpente, caisserie. Il est susceptible de fournir du bois de mine, des poteaux et des perches.






Les Pins Maritimes.
                                                         Pinus pinaster




Il existe trois sortes de pins maritimes, d’après la classification de H. del Villar, (1947) :

·    Pinus pinaster sous-espèce Hamiltonii  avec deux variétés :
       Var. magrebiana H. del Villar = pin maritime du Maroc.
       Var. iberica H. del Villar = pin maritime d’Espagne.
·    Pinus pinaster sous-espèce Renoui H. del Villar
       C’est le pin maritime d’Agérie-Tunisie.
·    Pinus pinaster sous-espèce atlantica var. maritima H. del Villar.
C’est le pin maritime atlantique qui a été introduit au Maroc depuis 1917.


Ces pins ont des aires assez étendues dans la Méditerranée occidentale :

Le pin maritime atlantique s’étend dans le sud-ouest de l’Europe, en France, en Espagne et au nord du Portugal.

Le pin maritime d’Espagne a une aire très étendue en Espagne (Sierra Nevada et Sierra Cazorla), mais il occupe aussi quelques stations dans le Rif au Maroc.


Le pin maritime d’Algérie-Tunisie forme des massifs isolés le long du littoral dans les régions de Bejaïa, Annaba, Djidjelli et Colo en Algérie et à Tabarka en Tunisie.


Au Maroc, le pin maritime du Maroc constitue des peuplements de montagne dans le Moyen Atlas dans les régions de Taza, de Sefrou et d’Ifrane. On le rencontre aussi dans le Haut Atlas, dans les hautes vallées de l’Ansgmir et dans le bassin de la Tessaout.

Le Pin maritime du Maroc.
Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var moghrebiana H. del Villar.
Noms vernaculaires : Snober, Tarda.

Ce pin endémique du Maroc habite les montagnes moyennement humides et humides à des altitudes variant entre 1.500-1.600 m à 2.200 m. Il se situe dans les étages bioclimatiques méditerranéens subhumide et humide froids (800 à 1.000 mm de pluie par an). Il supporte la neige et les basses températures (-15 °C). Il n’est pas aussi calcifuge que le pin maritime atlantique, il pousse dans des sols contenant une certaine proportion de calcaire.

Les espèces accompagnatrices sont : le Cèdre, le Pin d’Alep, le Chêne vert, le Chêne-liège, le Genêt à quatre fleurs, le Romarin, le Ciste à feuilles de sauge, etc.

Son bois est de bonne qualité, c’est un bois d’œuvre très convenable en menuiserie, charpente, caisserie. La rectitude de son fût  permet d’en tirer des poteaux téléphoniques et du bois de mine.

Ses ennemis sont également ceux du pin d’Alep.


Le Pin maritime d‘Espagne.
Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var. iberica H. del Villar.
Noms vernaculaires : identiques aux précédents.

Cette variété de pin est surtout répandue en Espagne, mais il occupe quelques stations dans le Rif en particulier en mélange avec le Sapin du Maroc, le Cèdre, le Chêne vert et le Chêne-liège. On le connaît dans les montagnes de Chefchaouène, des Kétama, des Béni Derkoul etc.




Le Pin noir du Maroc.
Pinus nigra Arn. var mauritanica Maire et Payer ssp. Clusiana Clem.
Nom vernaculaire : Anagro.

Cette espèce est très polymorphe et comprend plusieurs races géographiques ayant leurs aires propres dans la région méditerranéenne :

·    Le pin noir de Salzmann ou des Cévennes en Espagne et en France.
·    Le Pin noir d’Autriche dans les alpes orientales et les Carpates.
·    Le Pin noir de Caramanie en Orient et en Crimée.
·    Le Pin noir de Corse ou de Calabre.
·    Le Pin noir du Maroc.


Cette variété endémique du Maroc n’existe que dans le Rif où il occupe quelques rares stations, vers 1.500-1.600 m d’altitude, en compagnie du Pin maritime, du Sapin du Maroc et du Cèdre à la base de son étage.

La dispersion du pin noir à l’état de races distinctes et régionalement bien localisées, suppose une aire jadis continue et une grande ancienneté de l’espèce et la preuve de l’existence de liens géographiques aujourd’hui rompus. L’isolement géographique des peuplements résiduels a abouti, sous l’action du temps, à la différentiation de races locales qui se comportent actuellement comme des espèces. Il en est de même pour les Sapins du pourtour méditerranéen.

Le pin noir appartient à un groupe du genre Pinus qui existait déjà au Crétacé inférieur sous des formes voisines des types actuels. Cet arbre est donc une remarquable relique des temps géologiques les plus reculés (troisième partie de l’ère Secondaire).




Les Pins introduits au Maroc.

D’autres pins non spontanés au Maroc présentent un intérêt à des titres divers ; il s’agit de :

Le pin brutia :                   Pinus brutia Ten.
Il est voisin du pin d’Alep, on le trouve dans les régions de la Méditerranée orientale : en Grèce, en Crête, à Chypre, en Turquie et en Syrie à Alep.

Le pin pignon :          Pinus pinea L.
Appelé aussi pin parasol, cette espèce est aussi circum-méditerranéenne qui existe depuis le Portugal jusqu’en Syrie. Il est cultivé depuis longtemps comme arbre ornemental et aussi pour ses graines qui sont comestibles et qu’on utilise en pâtisserie.

Le pin des Canaries : Pinus canariensis Smith (1825).
Comme son nom l’indique, cette essence est endémique des îles Canaries. Il est utilisé comme arbre d’ornement et comme espèce de reboisement dans les pays à climat tempéré chaud comme le Maroc.

Le pin de Monterey : Pinus rdiata D. Dou (1836).
                                        Pinus insignis Dougl.
Il est originaire de la baie de Monterey en Californie centrale. En raison de son remarquable taux d’accroissement, il est utilisé dans les reboisements dans divers pays dont le Maroc qui l’a introduit depuis 1950.

Plusieurs autre espèces de pins ont été introduites au Maroc, dans les jardins, les arboretums et même à titre d’essais dans certains périmètres de reboisement.



Le Thuya de Berberie.


Tetraclinis articulata Mast.
Noms vernaculaires : Arar, Azouka.


Le Thuya de Berberie est une espèce pratiquement endémique de l’Afrique du Nord. En dehors, on n’en retrouve que deux petites stations, l’une en Espagne dans la région d’Almeria et l’autre à Malte.








On le trouve en Libye, Tunisie, en Algérie et surtout au Maroc où il occupe de grandes surfaces et y tient la troisième place du point de vue superficie, après le Chêne vert et l’Arganier. Sa distribution géographique au Maroc se présente sous trois blocs bien caractérisés :

·    Le bloc oriental et du Moyen Atlas,
·    Le bloc central,
·    Le bloc méridional.

Le bloc oriental et du Moyen Atlas comprend les boisements du Maroc oriental, du Rif et ceux du Moyen Atlas. Au sud du détroit Sud Rifain, le Thuya ne couvre qu’une petite surface dans la grande zone forestière du Moyen Atlas. On le trouve dans la région de Taza, à El Aderj et dans la vallée du Guigou. Il est absent à Azrou et Itzer et ne réapparaît que vers Khénifra.


Dans le bloc central, le thuya s’étend dans les vallées de l’Oued Beht et de l’Oued Grou, et occupe des stations dans les vallées des cours d’eaux côtiers entre Rabat et Casablanca.

La plus grande masse de thuya se trouve dans le bloc méridional. Dans le Haut Atlas, il forme une frange à la base du Chêne vert. Sur le versant sud de cette chaîne et dans la vallée du Sous, il s’intercale entre le Chêne vert en haut et l’Arganier en bas. On le retrouve dans l’Anti Atlas, sa station extrême se trouve vers Ifni.


Du point de vue écologique, le thuya est une essence thermophile et xérophile, peu exigeante en pluviométrie dont l’optimum se situe entre 350 et 400 mm. Il craint le froid, ainsi on ne le trouve pas aux hautes altitudes. Il existe du bord de la mer jusqu’à 1.800 m d’altitude. C’est donc une essence de l’étage méditerranéen semi-aride doux, mais il peut déborder sur le subhumide. Il est l’essence la moins exigeante du point de vue sol, composition chimique et humidité ; mais redoute les sables mobiles et ne peut s’installer sur les dunes qu’après leur fixation.

L’association du Thuya comprend les plantes suivantes : la Germandrée, le ciste velu, la lavande, le pin d‘Alep, l’oléastre, le caroubier, le lentisque, Withania frutescente, le filaria, le romarin, etc. Dans le sud on a le Frêne dimorphe, les euphorbes, le Tizra, etc.


Très renommé depuis l’antiquité, le bois de thuya est un très beau matériau susceptible d’être utilisé comme bois de menuiserie fine et d’ébénisterie, mais les dimensions recherchées à cet effet deviennent malheureusement de plus en plus rares. Sa principale utilisation se réduit à la production du bois de service, bois de mine, perches etc.

Il donne un bon bois de chauffage et son charbon est léger et d’assez bonne qualité. Les loupes de thuya qui donnaient jadis du placage de choix, ne se retrouvent plus de jours, tant elles ont été exploitées. Il faudrait deux siècles pour en refaire. Les rares pièces qui existent encore sont utilisées par l’artisanat local, surtout à Essaouira.

Le plus grand ennemi du thuya est sans conteste le feu d’incendie. Il arrive quand même à résister à ce fléau grâce à sa remarquable capacité de rejeter de souche même après incendie

Les défrichements, les mutilations graves et en particulier la récolte de la gomme sandaraque par gemmage, sont aussi responsables de la disparition de certaines Tétraclinaies.





Les Genévriers.


Les espèces de Genévrier que l’on rencontre au Maroc sont de deux types :

Les espèces à feuilles aciculaires (en allène) : le Genévrier commun et le Genévrier Oxycèdre ; et les espèces à feuilles squamiformes : le Genévrier rouge et le Genévrier Thurifère.

Le Genévrier commun.
Juniperus communis L. (1753). Var hemispherica.

C’est une espèce nettement septentrionale. Il est très répandu sur toute l’Europe et il est le seul conifère qui existe à la fois dans l’ancien et le nouveau monde.

Cet arbuste croissant en touffes serrées, basses et étalées, est très rare au Maroc. Il a été signalé surtout en hautes altitudes sur des stations à substratum calcaire : sur le sommet du Tichoukt vers 2.700 m, sur les pentes sud du sommet de Bou Nacer à plus de 3.000 m, sur le mont Ighil dominant les sources de l’Oued El Abid à partir de 2.300-2.400 m, et dans le Rif sur le mont Krâa à 2.000 m d’altitude.


Le Genévrier Oxycèdre.

Juniperus Oxycedrus L.
Noms vernaculaires : Arar, Taqqa,

C’est un petit arbre ou arbuste à tempérament très robuste,     il est disséminé et subordonné aux essences principales et très répandu en Afrique du Nord surtout en montagnes. Il ne forme pas de peuplements purs et se trouve en mélange avec d’autres essences.

Il est nettement circum-méditerranéen, on le trouve depuis Madère jusqu’en Iran, et joue un rôle utile de remplissage dans les forêts pauvres au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

Au Maroc, on le trouve dans l’Oriental, le Moyen Atlas et le Haut Atlas. Rare en plaines, il se rencontre dans presque toutes les montagnes où il atteint la limite de la végétation forestière. Résistant au froid et à la sécheresse, il relève de l’étage méditerranéen semi-aride mais il s’adapte très bien à l’étage subhumide du Moyen Atlas. Il est indifférent à la nature du sol.
  
Son bois peut servir pour la confection de perches très résistantes à la rupture, et de poteaux de mine. On en extrait un goudron végétal, l’huile de cade, qui est un produit médicinal. On le fabrique par distillation de vieux Oxycèdres.


Le Genévrier rouge ou Genévrier de Phénicie.



Juniperus phoenicea L. (1753).
Noms vernaculaires : Arar, Aïfs.

Cette espèce est circum-méditerranéenne que l’on trouve en Afrique du Nord, aux Iles Canaries, en Arabie, dans la péninsule ibérique et un peu en France (dans les Alpes et sur les sables du littoral).

Il occupe des surfaces importantes en Algérie, au Maroc et en Tunisie, dans deux milieux très différents : en montagne et sur le littoral. On le trouve aussi en Libye.


Au Maroc, l’aire du Genévrier rouge comprend deux secteurs bien différentiés : Le secteur littoral qui est très limité  puisqu’il  n’englobe que les dunes maritimes du Maroc et en particulier celles de Saïdia, Mehdia, Azemmour et Essaouira. Et le secteur montagnard qui s’est développé dans tout le Moyen Atlas de Taza au Tadla, dans le Haut Atlas où il couvre d’importantes surfaces, notamment sur le versant sud, et sur les îlots montagneux du Maroc oriental au sud d’Oujda ainsi que les pentes du Sagho jusqu’à 2.000-2.400 m. il est rare dans le Rif.

Du point de vue écologique, ce Genévrier est essentiellement xérophile, mais il n’est pas thermophile comme le thuya. De toutes les essences forestières, c’est elle qui résiste le mieux à l’aridité que ce soit sur les dunes ou en montagne. Dès que le climat devient froid et continental, il se substitue au thuya et lui succède en altitude dont la limite ne dépasse pas 2.400 mètres.

C’est une espèce de l’étage méditerranéen semi-aride, qui se contente en montagne d’une faible pluviosité (250 mm d’eau) et qui est indifférent à la nature du sol. Sa robustesse lui permet de végéter dans des conditions les plus sévères, mais il ne résiste pas aux incendies avec la même vigueur que le thuya car il ne rejette pas de souche.

  
Son bois est utilisé comme bois de charpente et de construction par les populations locales. Les petites perches sont assemblées et tressées pour être utilisées comme armatures des dalles en terre des terrasses.

Les arbres sont souvent traités en émonde pour servir à l’alimentation du bétail en hivers et en période de sécheresse.


Le Genévrier Thurifère.



Juniperus thurifera L. (1753) var africana Maire.

Noms vernaculaires : Arar, Aoual, Taoualt, Adroumam.

C’est une espèce que l’on trouve dans les alpes françaises, les Pyrénées, l’Espagne et l’Afrique Nord où il se cantonne essentiellement au Maroc en raison de l’altitude élevée des montagnes. Il n’existe pas en Tunisie et il est très rare en Algérie avec une seule station signalée au Jbel Maamel dans l’Aurès à 2.000 m.


Dans le Moyen Atlas, il monte au-dessus du Cèdre, il peut être en mélange avec lui ou à l’état pur. Il existe dans les montagnes de Taza, puis sur le Tichoukt (Boulemane), près d’Ifrane au Tizi n’Tretten, il est disséminé partout dans la région de Timahdit, Aghblou Larbi, Senoual, ainsi que dans la forêt de Sidi M’Guild.

Dans le Haut Atlas, il existe dans la partie centrale (Oued El Abid, Zaouia Ahansal) et dans le secteur oriental (Masker, Ayachi) où il constitue les plus importants peuplements. On le trouve aussi à l’état très disséminé sur le versant sud de cette chaîne et au Sagho en contact avec son congénère le Genévrier rouge.

C’est l’arbre qui monte le plus haut en altitude, en climat méditerranéen semi-aride froid continental, sec et lumineux. De ce fait, il est absent du Rif trop bas pour lui, et du Haut Atlas occidental où le climat est océanique. Il succède au Cèdre à partir de 2.000 m et peut monter jusqu’à la limite de la végétation forestière vers 3.000 m. Il est indifférent quant à la nature du sol quoiqu’on le retrouve le plus souvent sur des calcaires.




C’est un arbre très longévif qui peut atteindre 500 ans. Il ne rejette pas de souche, mais il rejette de tige, après la coupe des branches il donne de jeunes brins qui deviennent des perches. Le bois est très beau et d’un grain très fin qui peut être utilisé en ébénisterie, mais il est pratiquement inexistant. Tant les arbres sont maltraités : émondages, traitement en têtard, mutilations graves.

Le Cyprès de l’Atlas.



Cupressus atlantica Gaussen (1950).

Noms vernaculaires : Azel.

Le genre Cupressus se trouve autour de la Méditerranée, en Asie et en Amérique du Nord.

En Afrique du Nord, il existe une espèce spontanée qui est le Cyprès de l’Atlas, une espèce subspontanée qui est le Cyprès toujours vert, et trois espèces introduites : le Cyprès de l’Arizona (Cupressus arizonica), le Cyprès Lambert (Cupressus macrocarpa) et le Cyprès de Goa (Cupressus lusitanica).


Le Cyprès toujours vert comprend deux variétés, l’une appelée horizontale et l’autre pyramidale :

Cupressus sempervirens L. (1753) var horizontalis.
Cupressus sempervirens L. (1753) var stricta.

Cette espèce, dont l’aire est mal déterminée, est anciennement cultivée dans tout le pourtour méditerranéen.

Le Cyprès de l’Atlas est une espèce endémique du Maroc. Il a été considéré pendant longtemps comme une variété de Cupressus sempervirens, mais il n’a rien de commun avec lui. C’est Gaussen qui, en le décrivant le premier, l’a élevé au rang d’espèce.

On le trouve sur versant nord du le Haut Atlas dans la forêt de l’Aghbar vers le Tizi n’Test. De tempérament robuste, il est susceptible de s’adapter à des conditions sévères. Bien qu’il soit xérophile, il peut prospérer dans des climats assez humides.




Il s’élève en altitude entre 1.000 et 2.000 mètres, et s’intercale entre le thuya en bas et le chêne vert en haut. Il tient la même place avec le genévrier rouge, auquel il se mélange dans une ambiance de climat semi-aride froid.

Il est très longévif et peut atteindre 500 ans. Il ne rejette pas de souche mais, mais il peut rejeter de tige comme le thurifère, d’où sa forme souvent en candélabre.

Son bois est très apprécié des riverains du Haut Atlas qui l’utilisent comme perches, bois de service, planchettes d’école coranique etc. Il est aussi en arbre d’émondes pour la nourriture du bétail.

Les autres résineux.


Trois autres espèces de conifères méritent d’être signalées :

L’IF : Taxus baccata, l’Araucaria : Araucaria excelsa, et le Thuya d’orient : Biota orientalis.

Mais seul l’If est une essence spontanée, les deux autres sont introduites et utilisées dans les jardins comme arbres ornementaux.

L’If.

Taxus baccata L.
Nom vernaculaire : Dakhs.

L’aire de l’If est étendue, on le trouve dans les forêts de l’Europe tempérée, aux Açores et dans toute la région méditerranéenne. En Afrique du Nord, on le trouve en Algérie et au Maroc à l’état disséminé dans les montagnes les plus arrosées.

Au Maroc, cet arbre habite les stations les plus humides où les sols sont ombragés, frais et profonds. On le rencontre dans les Cédraies du Moyen Atlas central et du Rif central et occidental où il peut atteindre 2.000 mètres d'altitude.

L’arbre est à croissance très lente, il est très longévif et peut  devenir millénaire et atteindre l’âge de 1.500 ans. Son bois est sans résine, rouge imputrescible et élastique, il était jadis très recherché par les ébénistes qui l’utilisent pour la fabrication des arcs.

Il supporte bien la taille grâce aux bourgeons dormants qui existent sur son tronc et qui se développent suite aux mutilations. Cette faculté fait de lui un arbre ornemental. Mais il à l’inconvénient d’avoir les feuilles et le bois contenant une essence et un alcaloïde (la taxine) toxiques pour l’homme et les animaux. L’enveloppe charnue de la graine ne contient pas ces substances dangereuses, et la graine elle-même est moins toxique que les autres organes végétatifs. Ainsi la dissémination des graines par les animaux qui les avalent et en particulier par les oiseaux (ornithochorie), n’est pas entravée.

C’est un exemple parmi tant d’autres armes chimiques et stratagèmes que les végétaux utilisent, soit pour lutter contre leurs ennemis prédateurs, soit pour assurer leur fécondation, leur reproduction et leur dissémination afin de pouvoir coloniser des espaces très éloignés.

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 Les essences feuillues.


Les principales essences feuillues sont :

·    Les Chênes : le Chêne-liège, le Chêne vert, le Chêne Zeen, le Chêne tauzin et le Chêne Kermès.
·    L’Arganier,
·    Les Acacias,
·    Les Peupliers.



 Le Chêne-liège.


Quercus Suber L.

Noms vernaculaires : Fernane, Bechma, Delma.

L'aire du chêne-liège se situe dans la région de la Méditerranée occidentale et déborde le long du sud de la façade atlantique, où les influences de la mer et de l'océan permettent de tempérer la grande amplitude des oscillations thermiques et l'aridité de la saison d'été du climat méditerranéen au sens strict:






Au Maroc, l’aire du Chêne-liège comprend deux blocs : le bloc du Gharb et du Rif d’Ouest en Est, y compris la forêt de Bab-Azhar de la région de Taza  et le bloc du Chêne-liège atlantique qui englobe les peuplements du Plateau Central, de la Mamora et de la région de Benslimane. Le reste est réparti sur plusieurs stations qui constituent plutôt des relictes botaniques.

Le Chêne-liège avait dans la période préhistorique et au début de la période historique, une aire très vaste. La forêt de la Mamora formait une immense Suberaie allant de la côte atlantique jusqu’à la vallée de l’Oued Beht (100 km) d’une part, et du Gharb jusqu’au Bou-Regreg d’autre part. Par ailleurs, cette essence colonisait jadis toutes les plaines non calcaires et non argileuses du triangle Tanger-Taza-Casablanca. L’homme les a déboisées et transformées en terrains agro-pastoraux.


Les différentes stations qui sont disséminées le long des montagnes dans les régions méridionales, témoignent que le Chêne-liège avait, dans un passé relativement récent, une aire immense. Les conditions climatiques qui devaient être plus humides que de nos jours, ont évolué vers le dessèchement du pays et ont entraîné le recul de cette essence dont l’aire actuelle se trouve confinée au nord du pays.


Du point de vue écologique, le Chêne-liège est exigent en humidité, chaleur et lumière. Il a besoin d’une tranche pluviométrique annuelle de l’ordre de 550 mm et d’une hygrométrie de l’air de 60 % au pendant l’été. C’est un thermophile qui s’étage entre le bord de la mer jusqu’à 1.300-1.500 m d’altitude. C’est aussi une essence de lumière : les semis ne peuvent pas se développer sous le couvert des semenciers qui les concurrencent aussi pour l’eau.

Les étages qui conviennent le mieux à cette essence sont les climats méditerranéens humides doux et subhumide doux. On le trouve également dans le semi-aride doux sur sols sablonneux. Le Chêne-liège est calcifuge et marque une préférence pour les terrains siliceux.

Les associations du Chêne-liège sont différentes suivant le bioclimat et la nature du sol. En étage semi-aride on a : sur sols sablonneux, Cytisus linifolius, Cytisus arboreus, Pistacia lentiscus, Lavandula staechas, Cistus salviifolius, Pyrus mamorensis. Sur sol compact on a Myrtus communis, Rhus pentaphyla, le Filaria, Cistus monspeliensis et aussi le lentisque et le ciste à feuilles de sauge.

  
En étage subhumide, on observe notamment : Erica arborea, Arbutus Unedo, Cytisus triflorus, le myrte, la fougère aigle (Pteris aequilina). Il peut se mélanger au Chêne Zeen et au Chêne vert.

Les ennemis du Chêne-liège sont surtout les incendies, les insectes et les champignons. Parmi les insectes les chenilles de Lymantria dispar s’attaquent aux feuilles des arbres et provoquent de sérieux dégâts qui peuvent entraîner la mort des pieds les plus atteints. Certains insectes coléoptères s’attaquent au bois, les fourmis déprécient considérablement la qualité du liège.

Les champignons qui causent le plus de dégâts sont Hypoxylum Sertatum et Armilaria mellea.

L’utilisation la plus importante est évidemment la production de liège. Le bois de Chêne-liège est aussi un excellent bois de chauffage et donne un charbon de bonne qualité. Son écorce est riche en tanin et ses glands sont grands et doux, ils sont de ce fait recherchés pour la consommation humaine.


 Le Chêne vert.
Quercus Ilex L.

Noms vernaculaires : Bellout, Kerrouch.

Cette essence est surtout abondant en Afrique du Nord où il forme la toile de fond des forêts de montagne. On le trouve en Tunisie, en Algérie et surtout au Maroc où il tient la première place du point de vue superficie.

Au Maroc on le rencontre dans le Rif où il est très répandu, dans l’Oriental (Beni-Snassen et Gada de Debdou), dans le Moyen Atlas où il tient une place énorme entre 600 et 2.900 m d’altitude et où il forme de belles futaies dans l’étage humide. Dans le Haut Atlas, il forme un autre ensemble composé de taillis et un peu de futaie. Dans la région atlantique on le rencontre dans le Plateau Central.

On estime que les forêts de Chêne vert on été réduites de moitié en raison des incendies, de l’extraction du tanin, du surpâturage et des délits de coupe et de carbonisation.

Du point de vue écologique, c’est une essence très plastique que l’on trouve depuis le bas du semi-aride moyen ou froid, jusqu’à l’étage humide en passant par le subhumide. Il se développe vigoureusement dans l’étage humide où il s’érige en magnifiques futaies, et arrive à se maintenir dans le Sud, avec 300 mm de pluie, sous forme d’un maigre taillis.

Il est très résistant au froid et absolument indifférent à la nature du sol. Mais l’aspect de sa végétation reflète les conditions édaphiques et climatiques. Sa longévité est de l’ordre de 200-250 ans qui peut atteindre facilement 300 ans. Sa régénération se fait par semis, par rejets de souche et par drageons. Mais il un accroissement lent.

Son association végétale affecte deux faciès botaniques bien distincts : dans l’étage semi-aride en montagne sèche, où il peut former une futaie claire, basse et xérophile, on rencontre le Genévrier rouge, l’Oxycèdre, le Thuya, le Pistachier de l’Atlas, le Frêne dimorphe, le Romarin etc.

Dans l’étage humide où il forme une futaie dense et élevée, on observe le pin d’Alep, le pin maritime, l’Erable de Montpellier, le Cèdre, le Caroubier, l’Aubépine, les Genêts, les Cistes etc.

Son bois est le meilleur bois de feu de l’Afrique du Nord et son charbon est d’excellente qualité. Le prélèvement anarchique de l’écorce du pied des gros Chênes verts pour l’extraction du tanin, a été la cause de la disparition de bien des étendues boisées.

Les invasions par les chenilles de Lymantria dispar sont moins graves et moins fréquentes que dans les Suberaies.

 Le Chêne Kermès.

Quercus coccifera.

L’aire botanique du chêne kermès est essentiellement méditerranéenne. On le trouve dans le Midi de la France où il colonise les basses montagnes et les pentes rocailleuses du littoral. Il forme l’élément principal des garrigues en Algérie et en Tunisie. Mais il est rarement représenté au Maroc où il est strictement localisé dans le Rif, surtout sur le versant méditerranéen entre Tanger Saïdia.

Dans le bassin méditerranéen on le trouve jusqu’en Asie Mineure et en Crimée.

Cette espèce affecte souvent la forme buissonnante, mais il peut former de petits arbres de 6 à 7 mètres de hauteur en bons sols. C’est une essence de plaine et de plateaux, ne dépassant jamais 1.000 m d’altitude.

De tempérament robuste, il est souple du point de vue climatique puisqu’il peut se contenter de 400-450 mm dans l’intérieur, et on le trouve bien dans les  zones du littoral recevant entre 450 et 1.000 mm de pluie. Il est indifférent à la nature du sol et végète bien sur les terrains aussi bien siliceux que calcaires. Il a aussi une remarquable faculté de drageonner.

Son rôle est de garnir les sols les plus déshérités et de fournir par sa racine une écorce très riche en tanin. Son bois très dur et solide donne un bon bois de chauffage.

uercus faginea Lamk. s.l.)
Quercus Mirbeckii Dur
Q. tlemsanensis (War.) Batt. et Trab.emend. ,H. del Villar.
Q. lusitanica Lam.

Nom vernaculaire : Techta

Le Chêne Zeen ou encore chêne zène, est une espèce très polymorphe qui a la particularité d’avoir des feuilles caduques. Deux autres chênes à feuilles caduques existent en Afrique du Nord : le chêne tauzin et le chêne afarès. Le dernier est endémique d’Algérie où il se cantonne surtout en Kabylie.

L’aire du chêne zène est très étendue sur le pourtour méditerranéen. On trouve cette essence en Espagne et au Portugal, mais elle n’existe ni en France, ni en Italie, ni dans les Balkans et les îles de la Méditerranée occidentale. Par contre, elle existe aux îles Canaries, en Afrique du Nord, en Iran et en Arménie.

En Afrique du Nord, on le trouve en mélange avec le chêne-liège dans les stations fraîches et en montagnes humides.

Au Maroc, l’espèce Q. Mirbeckii est très représentée dans le Rif surtout sur son versant atlantique. Elle franchit le détroit sud-rifain à Taza et forme des colonies de plus en plus réduites tout le long du Moyen Atlas et du Haut Atlas jusqu’au sud de Marrakech. Les plus importants peuplements se trouvent à Bab-Azhar au sud-ouest de Taza, dans la forêt de Jaba entre Ifrane et El Hajeb, dans les forêts d’Azrou et du plateau d’Oulmès.

Les autres îlots ont un intérêt phytogéographique, ils témoignent comme les reliques du Chêne-liège que les conditions climatiques étaient plus humides dans un passé pas très lointain.

L’espèce tlemcenensis a été signalée à la limite supérieure de la subéraie de l’Outka dans la région de Fès. Alors que Quercus lusitanica n’a été trouvé que dans les montagnes du Rif (Tanger, Tétouan, Chaouène.). Son aire est à cheval sur le détroit de Gibraltar, car on le trouve en Espagne et au Portugal.

Du point de vue écologique, le chêne zène est une essence qui relève des étages humide et subhumide, mais il ne forme des peuplements que dans les stations humides où sa vigueur physiologique lui permet d’éliminer les autres essences, en particulier le chêne-liège. Il a besoin de 800 mm de pluie au minimum, mais ne prend son plein développement que dans les versants nord et dans les zones recevant 1.000 mm de pluviométrie.


C’est une essence d’ombre puisque les jeunes semis se développent sous le couvert. Il supporte des froids de –8 à –10 °C. il est indifférent à la nature chimique du sol qui doit néanmoins être profond, fertile et frais. Grâce à son couvert épais, à ses feuilles caduques et à l’humidité qui favorisent la formation de l’humus, c’est l’essence nord-africaine qui donne naissance aux sols forestiers les plus profonds et les plus riches.

 Sa longévité dépasse 200 ans, il se régénère par semis et par rejets de souche et par drageons.

Son association est voisine de celle de la subéraie humide mais avec un sous-bois peu développé : cytise à trois fleurs, bruyère arborescente, aubépine, arbousier, ronce, houx, érable de Montpellier, alisier torminal, chêne-liège et chêne vert.

Ses ennemis sont les insectes qui parasitent les autres chênes et en particulier Lymantria dispar.

Son bois est utilisé dans la confections des traverses de chemin de fer, des bois de mine, il est un bois de chauffage moyen et un médiocre bois de carbonisation.

Son bois a l’aspect de celui des chênes d’Europe mais on prétend qu’il n’en a pas les mêmes qualités, mais il semblerait qu’une exploitation adéquate et quelques précautions pourraient remédier à ses défauts technologiques. Des études devraient élucider ce problème.




Le Chêne Tauzin.

Quercus pyrenaica Wild.
Noms vernaculaires : Tachta, Techt.

Ce chêne a une aire très limitée puisqu’il ne se trouve que dans la péninsule ibérique, dans le sud-ouest de la France et au Maroc où il ne se rencontre que dans la chaîne rifaine. Dans cette dernière, il se localise surtout dans le massif du Mont Tiziren entre 1.200 et 2.000 mètres d’altitude, dans les montagnes de la péninsule tingitane près de Chechaouen et sur le Mont Outka au nord de Fès.

Ce chêne à feuilles caduques est un arbre de taille moyenne qui rejette de souche et surtout qui drageonne abondamment. C’est une espèce très calcifuge qui exige une tranche pluviométrique élevée (plus de 1.000 mm) et un sol perméable. C’est ainsi qu’il n’habite que les basses et moyennes montagnes humides du Rif occidental, entre 200 et 2.000 mètres où il peut former des forêts ou se mélanger au chêne zène.

Son bois est très lourd mais ne peut pas donner du bois d’œuvre en raison de ses troncs à calibres réduits et dont la forme est tourmentée. Par contre, il peut donner un excellent bois de feu.

Son principal ennemi est le «blanc des chênes », un champignon (oïdium) qui provoque de sérieux dégâts dans ce type de chênaies.


 L’Arganier.



Argania spinoza (L.) Skeels.

Noms vernaculaires : Argan, Tachelaït.


Le centre de son aire est la cuvette du Sous où l’Arganier règne en maître et d’où il monte à l’assaut du Haut Atlas et de l’Anti-Atlas jusqu’à 1.500 mètres d’altitude. Au nord de cette vallée du Sous, le thuya concurrence activement l’arganier en raison de l’adoucissement du climat. Vers le sud cette espèce est arrêtée sur les crêtes de l’Anti-Atlas qui appartiennent à l’aire du Thuya de Berbérie et du genévrier rouge, souvent disparus d’ailleurs.

L’arganier pourrait occuper le Haouz et le Tadla, ainsi que la basse Moulouya. Les stations relictes qui existent encore au nord de son aire, sont la preuve que cette Sapotacée occupait au Tertiaire et au Quaternaire d’immenses étendues au Maroc. Les glaciations du quaternaire qui se sont traduites au Maroc par une forte pluviosité et par la formation de glaciers en hautes montagnes, ont fait reculer vers le sud les éléments tropicaux de la flore marocaine dont l’Arganier fait partie.

D’ailleurs, la haute ancienneté de l’espèce est nettement exprimée par sa morphologie archaïque, par sa qualité de genre monotype et par son endémisme.


Du point de vue écologique, l’arganier est une espèce xérophile et thermophile qui se défend avec toutes ses forces dans les zone qu’elle occupe, ce qui en fait l’arbre le plus précieux du pays puisque sa disparition se traduirait par la désertification des régions arides qu’il recouvrait. Il pousse au bord de la mer et s’élève en montagne jusqu’à 1.500 m d’altitude, à la limite des plus bases neiges de la région.

Il est peu exigeant du point de vue pluviométrique et peut se contenter de moins de 250 mm de pluies et peut supporter des températures élevées et prolongées, mais il a néanmoins besoin d’une hygrométrie de l’air appréciable.

On ne le trouve que dans les étages bioclimatiques méditerranéens aride doux et semi-aride doux. Mais c’est dans l’étage aride doux qu’il recouvre des surfaces considérables.


L’arganier a un tempérament très robuste et plastique. Il se développe indifféremment sur tous les types de sols à l’exception des sables mobiles.

Il se régénère par semis et rejette vigoureusement de souche jusqu’à un âge très avancé. Il est très rare de voir des végétaux présenter pareille réaction aux sévices du milieu extérieur et une telle facilité pour remplacer la tige ou les rameaux mutilés, par de nouveaux rejets.

L’association de l’arganier est complexe du fait de sa situation géographique plus méridionale et reflète l’influence des climats saharien et tropical et comprend, de ce fait, des éléments étrangers à la flore méditerranéenne. Les espèces méditerranéennes qui l’accompagnent sont : le thuya, l’oléastre, le pistachier de l’Atlas, le genévrier rouge, le tizra, le jujubier, la lavande, le caroubier etc. Les éléments particuliers qui présentent un cachet tropical sont : les euphorbes cactoïdes, des lianes (Periploca), l’acacia gummifera.

L’Arganier joue dans les régions où il subsiste un rôle socio-économique de premier plan. Toutes les parties de son appareil végétatif sont utilisées par les populations locales. Son feuillage forme un véritable pâturage suspendu, ses fruits sont utilisés pour la fabrication d’une huile très appréciée par les usufruitiers et pour l’alimentation du bétail (pulpe et tourteau), son bois est un excellent bois de feu aussi bien de chauffage que de carbonisation, il est également utilisé dans la construction des habitations locales en donnant des perches de charpente, des perchettes à plafond, des portes à claire-voie etc.

L’Arganier n’est pas sensible aux incendies à cause du sol qui est cultivé et qui est généralement dénudé durant la période sèche. Il ne présente pas de maladies ni d’insectes ravageurs, seule la mouche du fruit ou cératite cause des dégâts, surtout ailleurs aux orangeraies voisines.




 Les Acacias.


Le genre Acacia appartient à la grande famille des Légumineuses et à la sous famille des Mimosoïdées. Il se rencontre à l’état spontané dans les régions subtropicales et tempérées chaudes des différentes parties du globe. Il a par ailleurs fait l’objet de larges introductions dans de nombreux pays.

 Les Acacias spontanés au Maroc.


Les Acacias sahariens se trouvent de l’Océan Atlantique à la mer Rouge en passant des provinces sahariennes marocaines, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Arabie. Ils existent aussi en Afrique occidentale et en Afrique du Sud. Au début du quaternaire, ils formaient de vastes savanes qui devaient s’étendre de l’Afrique occidentale jusqu’au Sahara marocain, d’où elles se prolongeraient jusqu’en Tunisie et en Libye.

En Afrique du Nord, il existe trois espèces d’acacia qui relèvent de l’étage saharien : Acacia raddiana, A. seyal et A. albida ; et un acacia qui relève du semi-aride : A. gummifera qui est d’ailleurs endémique du Maroc. Ces espèces représentent les éléments floristiques tropicaux du monde végétal marocain.


Les acacias sahariens peuvent se contenter d’une tranche pluviométrique annuelle inférieure à 120 mm et ne dépassent pas 1.000-1.200 mètres d’altitude. leur minimum de température est 0°C. Leurs feuilles sont persistantes dans les mêmes conditions que celles de l’arganier. ils sont comme l’Arganier, des éléments tropicaux.
Au Maroc nous avons : 

Acacia raddiana Savi. (tortilis)               Gommier saharien.
Acacia seyal Del.

Noms vernaculaires : Talha, Tamat.
Et :
Acacia albida Del.                                  Acacia blanchâtre.

Ces acacias habitent dans les provinces sahariennes marocaines au sud de l’Anti-Atlas et du Haut Atlas oriental. Ils poussent dans les sols pierreux et argilo-sablonneux, et dans les vallées rocheuses.


Acacia gummifera Wild.                         Gommier marocain.

Nom vernaculaire : Taddout.

C’est une espèce endémique du Maroc qui habite les plaines arides du Maroc occidental et des basses montagnes qui les entourent : Haouz, Tadla, Rehamna, Djebilet, Sous,  les premiers contreforts du Haut Atlas occidental et les pentes de l’Anti-Atlas. Il se localise dans les zones les plus arides, mais douces du pays.  1.100 m.
Il formait jadis des savanes dans l’enclave climatique aride du Haouz-Tadla.

Acacia farnesiana. Willd.                       Le Cassie

Nom vernaculaire : Qîqlân.

Cet acacia se trouve en Amérique du Sud et en Asie tropicale. il est fréquemment planté dans les régions tropicales à cause de ses fleurs qui sont utilisées en parfumerie.
Au Maroc, il a été signalé à l’état spontané dans la région de Taroudant où il pousse ça et là.


 Les acacias australiens.

Ces acacias ont été introduits au Maroc depuis l’année 1924. Les plantations les plus importantes ont été entreprises surtout dans la région de Sidi Yahia du Gharb.

Leur développement et leurs accroissements s’avèrent plus importants que ceux qui prévalent dans leur pays d’origine. les principales espèces acclimatées au Maroc sont :

·    Acacia mollissima. Willd. est cultivé en plantations en raison de son écorce qui est riche en un tanin très apprécié.
·    Acacia dealbata. Link.  est cultivée pour ses fleurs qui sont parfumées.
·    Acacia horrida. (L.) Willd. est un arbuste très épineux utilisé souvent en haies.


·    Ces trois dernières espèces ont des feuilles composées. Quant aux acacias à phyllodes, on a notamment :

·    Acacia cyanophylla Lindl. Qui est utilisé dans les travaux de fixation des dunes en raison de son adaptation aux sols sablonneux profonds, de son pouvoir de rejeter et de drageonner abondamment, en plus il se régénère facilement par semis. Il constitue aussi un élément très utile pour coloniser facilement certains sols ruinés et joue ainsi le rôle d’essence de transition avant la plantation d’essences définitives comme les pins.
·    Acacia cyclops Cunn. Qui est employé aussi pour la fixation des dunes maritimes.
·    Acacia melanoxylon R. Benth. Qui demande des stations fraîches, climats subhumide et humide, et des sols frais (fonds de ravins). Il peut donner un excellent bois d’œuvre de couleur sombre à grain fin. Il se régénère facilement par semis.


 Les Eucalyptus.

  
Les Eucalyptus appartiennent à la famille des Myrtacées qui est représentée en Afrique du Nord par le Myrte (Myrtus communis), un arbrisseau très répandu. Leur aire naturelle est spécifique au continent australien où ils forment un genre extrêmement important puisqu’il renferme près de six cents espèces ou variétés.

Les Eucalyptus ont fait l’objet d’introductions dans tous les autres continents et en particulier en Afrique du Nord où il font partie du paysage floristique au même titre que les essences naturelles principales.
  
Au Maroc, l’utilisation rationnelle des Eucalyptus sur une grande échelle, a débuté en 1943, suite à une mission entreprise par M. Métro, Directeur à l’époque de la Station de Recherche Forestière. Des plantations ont été réalisées sur l’ensemble du territoire national et plus particulièrement, sur la côte atlantique et dans les plaines. Les plus importantes plantations ont été entreprises dans le Gharb et dans les vides de la Mamora, qui ont débouché sur «l’opération cellulose » avec l’installation de l’usine de cellulose de Sidi Yahia du Gharb.


La plupart des Eucalyptus ont un tempérament robuste, leur vigueur physiologique et leur puissante concurrence par les racines, leurs permettent de dominer et d’évincer progressivement les autres essences qui leurs sont artificiellement associées. Ils sont aussi caractérisés par leur remarquable plasticité, aussi bien du point de vue climat qu’à celui du sol.

Ils se régénèrent par semis et beaucoup d’espèces rejettent vigoureusement de souche. Mais il y en a qui ne rejettent que très irrégulièrement.

Les espèces les plus utilisées sont : Eucalyptus camaldulensis, E. gomphocephala, E. sideroxylon, E. cladocalyx, E. grandis et E. saligna.


Le bois d’Eucalyptus offre plusieurs utilisations : le bois de feu, aussi bien de chauffage que de carbonisation ; le bois à pâte cellulosique ; le bois de mines et des perches pour l’utilisation locale ; le bois d’œuvre produit par l’E. gomphocephala.

Par ailleurs, les peuplements d’Eucalyptus sont utilisés par les apiculteurs pour la production d’une quantité appréciable de miel.

L’ennemi le plus redoutable pour les Eucalyptus est un insecte coléoptère : Phoracantha semipunctata, un xylophage qui cause de sérieux dégâts

 

Les Peupliers.


Les peupliers appartiennent au genre Populus qui relève de la famille des Salicacées qui comprend notamment le genre Salix dont les Saules font partie.

Ils occupent une aire importante entre le trentième et le cinquante cinquième parallèle de l’hémisphère Nord. On les trouve en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, en Afrique et spécialement en Afrique du Nord. Ils ont une grande importance économique en raison de la rapidité de leur croissance et de la  bonne qualité de leur bois qui est blanc, tendre, sans nœuds, léger et sans odeur. Leur bois est donc apte au déroulage et au tranchage.


Ce sont des arbres exigeants en lumière et en eau, et demandent des sols profonds et assez riches. De plus ce ne sont pas des essences sociales. Ils ont une croissance rapide, mais ils ont généralement une faible longévité.

La reproduction par graines est pratiquement assez difficile et ne reproduit pas fidèlement les semenciers puisque la fécondation croisée est obligatoire. Par contre la multiplication végétative, par boutures et parfois par drageons, est très facile. Cette aptitude conditionne les techniques de culture et permet de propager largement et indéfiniment un individu ayant des qualités ou des particularités intéressantes. Un individu remarqué est la tête de clone, qui par multiplication végétative perpétue le clone ou cultivar (cv.).

La classification des peupliers est assez particulière. Ils sont divisés en cinq sections :

Section Leuce : qui englobe les peupliers blancs et les trembles. Son aire est très vaste : Amérique du Nord, Europe ; elle est représentée en Afrique du Nord.
Section Aigeiros : ou peupliers noirs dont l’aire est  plus restreinte en Amérique et en Europe, mais ils sont à l’origine des peupliers cultivés. On en trouve aussi en Afrique du Nord.
Section Tacamahaca : ce sont les peupliers baumiers qu’on trouve en Asie et en Amérique. Leur importance économique est assez faible.
Section Leucoïdes : qui ne sont qu’une simple curiosité botanique d’Amérique du Nord et d’Asie.
Section Turanga : dont l’aire est subtropicale en Asie et en Afrique. Elle est représentée au Maroc.




Au Maroc, on adopte la classification suivante qui est plus pratique :

-     Le peuplier blanc,
-     Les peupliers noirs,
-     Le peuplier de l’Euphrate,
-     Les peupliers deltoïdes,
-     Les peupliers euraméricains.

Le peuplier blanc.
Populus alba L.
Section Leuce.
Noms vernaculaires : Safsaf abiad, Asefsaf Amellal.

Il est spontané en Europe méridionale occidentale, en Asie centrale et occidentale ainsi qu’en Afrique du Nord.

Au Maroc, il pousse sur les berges des cours d’eau permanents ou semi-permanents mais ne dépasse pas l’altitude de 2.000 mètres. Il pénètre même au Sahara. Il affectionne les sols frais et peut supporter les sols salés.


Trois variétés de peuplier blanc existent au Maroc :

·    Var. Hickeliana (Dode) Maire. C’est la variété la plus répandue, reconnaissable par son port plus ou moins pleureur et ses feuilles oblongues.
·    Var. subintegerrima Lange. Elle est plus méridionale, on la trouve dans les cours d’eau du Haut Atlas et du sud.
·    Var. microphylla Maire. On la trouve dans le Sous. Elle est reconnaissable par ses très petites feuilles.


Sa longévité serait de l’ordre d’une cinquantaine d’années. Il se reproduit par semis, rejette de souche et drageonne abondamment. Du fait de la malformation du tronc, son bois est peu utilisé. Mais des clones de belle forme sont multipliés.

Dans le sud il procure des perches qui sont utilisées dans les constructions locales.

Les peupliers noirs.
Populus nigra L.
Section Aigeiros.
Nom vernaculaire : Safsaf.




Trois sous espèces spontanées ou subspontanées existent au Maroc :
·    Ssp. neapolitana (Ten.) Asch. et Gr.
·    Ssp. thevestina (Dode) Asch et Gr.
·    Ssp. Italica (Du Roi) Asch et Gr.

La première sous espèce est spontanée au Maroc, elle existe en montagne, notamment dans les vallées du Moyen Atlas, du Haut Atlas et du Sagho où il peut atteindre 2.100 mètres d’altitude. il croît le long des cours d’eau et affectionne les berges des eaux courantes. Son bois est noueux de faible valeur économique, mais l’arbre est un bon fixateur des berges car il rejette et drageonne bien.

Les deux autres sous espèces sont subspontanées, elles ont été introduites au Maroc depuis très longtemps d’Asie centrale et d’Orient. La ssp. Italica est rare au Maroc, mais la ssp thevestina est généralement connue sous le nom de peuplier d’Italie.


Le peuplier de l’Euphrate.
Populus Euphratica Oliv.
Section Turanga.
Noms vernaculaires : Safsaf, Asefsaf, Afsas.

Ce peuplier croît le long des cours d’eau des régions arides et sahariennes du Maroc. Il a été signalé sur de petites stations à Settat, Berkane, Midelt, Debdou, Figuig, et dans la vallée de l’Oued Ziz au Tafilalet.

Il peut être intéressant pour la fixation des berges du fait qu’il rejette et drageonne abondamment, et pour la production de bois dans les régions déshéritées du fait qu’il est adapté aux régions chaudes et arides et aux sols chlorurés mais bien approvisionnés en eau.


Les peupliers deltoïdes.

Populus deltoïdes Marsh.

Ce sont les peupliers noirs américains.

Cette espèce est répandue dans les zones tempérées de l’Amérique du Nord. Le clone de peupliers américains planté au Maroc est le peuplier Carolin :

  
Populus deltoïdes Marsh. Cv. ‘Carolin’.
Il se bouture difficilement (50 %), demande un sol bien alimenté, il est exigeant en lumière et sensible au froid.
Son bois est de bonne qualité, assez lourd et agréablement coloré. Il peut donner du bois de déroulage. aussi est-il surnommé le noyer du pauvre.


Les peupliers euraméricains.

Ce sont des hybrides apparus fortuitement, et obtenus par croisement de Populus nigra d’Europe et l’espèce américaine Populus deltoïdes. Les clones les plus plantés au Maroc sont :

·    Populus x euramericana (Dode) Guinier cv. ‘Robusta. Mais il semblerait que le climat du Maroc ne lui convient pas car il feuille irrégulièrement et dépérit.
·    Populus x euramericana (Dode) Guinier cv. I 214. Planté au Maroc depuis longtemps, il semble donner d’excellents résultats avec un accroissement très rapide. Son bois serait excellent pour le sciage et le déroulage.



 Les autres essences feuillues.


D’autres espèces feuillues qualifiées d’essences secondaires ou subordonnées font partie des écosystèmes forestiers et ont leur rôle à jouer dans le maintient des équilibres écologiques. Elles doivent être connues puisqu’elle font partie intégrante de la forêt.
Certaines espèces introduites ont un intérêt pratique reconnu, d’autres ne sont utilisées qu’à titre ornemental.

Les principales essences subordonnées sont :

Essences spontanées :


Le Bouleau : Betula alba L. em. Du Roy. Cet arbre septentrional n’existe que dans les ravins humides et siliceux du Rif central.
L’Aulne glutineux : Alnus glutinosa grertn. C’est un arbre très rare qui n’existe aussi que dans le Rif.
Le Micocoulier : Celtis australis L. C’est un très bel arbre que l’on rencontre dans les ravins frais des montagnes du Maroc. Il est aussi utilisé comme arbre ornemental. Il donne un très joli bois apte à se courber.


Le Laurier noble ou Laurier sauce : Laurus nobilis L. C’est un petit arbre très rare au Maroc que l’on trouve dans le Rif, pays de Tanger et Ksiba dans le Moyen Atlas. Ses feuilles sont utilisées comme condiment.

Le Poirier de Mamora : Pyrus mamorensis L. C’est la seule espèce arborescente accompagnant le Chêne liège sur la côte atlantique, soit à l’état isolé, soit rarement par groupes. Il affectionne surtout le pourtour des dayas. Il se reproduit par rejets de souche, par drageons et par semis.

L’Alisier torminal : Pyrus (sorbus) torminalis Ehrb.

L’Alisier blanc : Pyrus (sorbus) aria Ehrb. Ces deux alisiers sont de petits arbres à feuilles caduques que l’on trouve dans l’étage humide en compagnie du Cèdre et de Chêne vert. Leur bois est de bonne qualité, mais pratiquement il est inutilisé.

Le Caroubier : Ceratonia siliqua L. C’est un très bel arbre pouvant atteindre de grosses dimensions. Ont le trouve surtout à l’état isolé dans l’étage du thuya et du genévrier rouge, ainsi que la partie supérieure de l’Arganeraie. Il est propagé comme arbre fourrager, ses gousses ou caroubes ont une grande valeur alimentaire, elle sont utilisées aussi comme produits pharmaceutiques.

Le Pistachier de l’Atlas : Pistachia atlantica Desf. Ce pistachier est un arbre magnifique pouvant atteindre 15 à 20 mètres de hauteur et un diamètre dépassant souvent 100 cm. Sa cime est volumineuse et de forme arrondie. On le trouve à l’état disséminé dans toutes les forêts chaudes de l’Afrique du Nord.

Il est comme l’arganier, un arbre de l’étage aride et que l’on trouve accessoirement dans le semi-aride. Il est très rustique, à tempérament vigoureux et qui se contente de 200 à 250 mm de pluie. Dans les montagnes sèches, on le trouve jusqu’à 2.000 mètres d’altitude.

L’Erable de Montpellier : Acer monspessulanum L. On le trouve à l’état isolé dans les forêts humides du Moyen Atlas et dans les ravins humides du Haut Atlas, en compagnie du Cèdre et du Chêne vert.

Les Tamaris : Tamarix aphylla (L.) Karst., T. gallica L., T.speciosa Ball., T. Africana Poiret. Ces arbres poussent le long des cours d’eau de tout le Maroc. Le premier étant cantonné le long de la bordure nord du Sahara.


Le Frêne oxyphylle : Fraxinus angustifolia Vahl. Il habite les berges des cours d’eau des plaines, des basses et moyennes montagnes de tout le Maroc à l’exception de l’Anti-Atlas.
Le Frêne dimorphe : Fraxinus xanthoxylides Wall. Ce Frêne pousse dans les forêts et les rochers des basses et moyennes montagnes du Maroc sauf  dans le Rif.
L’Oléastre : Olea europea L. var. oleaster DC. L’Olivier sauvage est l’essence secondaire la plus commune et la plus importante de l’Afrique du Nord. Au Maroc on le trouve dans les régions atlantiques, dans le Moyen Atlas, le Haut Atlas et dans la région de l’Arganier.


Divers :

Les Aubépines (Crataegus monogyna, C. lacineata).
Le Lentisque (Pistacia Lentiscus).
L’Arbousier (Arbutus Unedo).
Le Houx (Ulex aquifolium).
La Bruyère (Erica arborea).
Le Filaria (Phyllerea media),
L’Eglantier (Rosa canina),
La Ronce (Rubus ulmifolius).
Les lianes, les genêts, les Cistes, les Cytises, les Lavandes etc.



 Essences subspontanées ou introduites :


Le Filao : le genre Casuarina a été longtemps classé parmi les gymnospermes, ses rameaux sont articulés comme ceux des prêles. Il est originaire des rivages de l’Océan Indien. Ses espèces ont une croissance rapide, rejettent de souche et donnent un bois d’œuvre apprécié. Elles peuvent réussir dans les sols salés. L’espèce la plus utilisée au Maroc est Casuarina cunninghamiana Miq.=C. de Cunningham. Elle est utilisée comme brise vent ou comme arbres d’alignement en bordure des propriétés.

Les Saules : Salix babylonica L. ou Saule pleureur, qui est originaire de Chine. C’est un arbre subspontané au Maroc où il est planté à titre ornemental au voisinage immédiat des cours d’eau. la famille des Salicacées englobe aussi les peupliers.

Le Noyer : Juglans regia L. il est subspontané au Maroc et occupe dans les vallées du Haut Atlas et du Rif une place très importante en raison de la haute valeur économique de ses fruits et de son bois très recherché pour le tranchage. Son exploitation fait l’objet d’une législation spéciale.



Le Févier d’Amérique : Gleditschia triacanthos L. Cet arbre est importé d’Amérique du Nord. Il est utilisé surtout pour ériger des haies très défensives en raison de ses grandes épines.

Le Robinier : Robinia pseudoacacia L. C’est un arbre originaire des Etats Unis. Il est planté un peu partout, son bois est de haute qualité. Il devrait être propagé de façon plus systématique par les reboisements.